Le Japon reprend la chasse à la baleine dans l’Antarctique

Le Japon reprend la chasse à la baleine dans l’Antarctique

photo de profil

Par Jeanne Pouget

Publié le

Après plus d’un an d’interruption et contre l’avis de l’ONU, Tokyo va envoyer dès demain des navires “de recherche” pêcher la baleine Minke en Antarctique. Une chasse commerciale déguisée qui pourrait permettre de tuer 4000 spécimens dans les 12 prochaines années.

À voir aussi sur Konbini

Depuis plusieurs années, “les missions de recherche” ont bon dos auprès des baleiniers japonais privés de pêche commerciale. En prétendant collecter des informations nécessaires à la survie de l’espèce, les flottes japonaises s’autorisent la chasse au petit rorqual (aussi appelé baleine Minke de l’Antarctique).

Un tour de passe-passe rendu possible suite à un moratoire mondial sur la chasse à la baleine de 1986 qui tolère la recherche létale sur ces mammifères. Mais déjà en 2014, l’ONU avait estimé que ce pretexte surfait avec l’illégalité.

L’association écologiste Sea Shepherd a d’ores et déjà annoncé que son bateau, le Steve Irwin, amarré à Melbourne, prendrait la mer dans la semaine pour empêcher ce massacre.

Chargement du twitt...

La chasse “scientifique” : une chasse commerciale déguisée

Selon l’organisation internationale IFAW (International Fund for Animal Welfare), la “pêche scientifique” est devenue un prétexte à partir de 1986, quand la Cour internationale de Justice (CIJ) a décidé d’interdire la chasse commerciale.

Utilisée par le Japon, mais aussi l’Islande ou encore la Norvège, elle ne fournirait en réalité que très peu de données scientifiques. Par ailleurs, l’IFAW rappelle qu’à l’ère de l’ADN, les chercheurs n’ont pas besoin de tuer les cétacés pour les étudier : des échantillons peuvent être récoltés à partir des morceaux de peau que les baleines perdent, de graisse ou de matières fécales.

À noter que ce sont les nations baleinières qui édictent leurs propres quotas et non la Commission baleinière internationale. Et comme par un fait exprès, ce sont les nations les plus friandes de viande de baleine ou les plus impliquées dans son commerce qui délivreraient le plus de “permis scientifiques”.

Loin d’être marginales, ces “recherches” ont autorisé le Japon à tuer jusqu’à 1000 baleines dans l’océan Austral chaque année. Cette fois, le service japonais des pêcheries a informé la Commission baleinière internationale (CBI) que cette campagne reprendrait dans le cadre d’un plan révisé de 333 prises, soit une réduction des deux tiers, ce qu’elle estime “raisonnable”.

Malgré les tôlés récurrents de la communauté internationale, les mentalités sont difficiles à faire évoluer car au Japon, la chasse à la baleine demeure une tradition ancestrale. Il y a quelques semaines, la société de pêche japonaise Kyodo Senpaku Kaisha avait déjà été condamnée à une amende d’un millions de dollars australiens pour avoir pêché illégalement la même espèce dans une zone protégée par l’Australie.