En Israël, une histoire d’amour judéo-arabe bannie des programmes scolaires

En Israël, une histoire d’amour judéo-arabe bannie des programmes scolaires

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Le ministère de l’Education israélien a interdit l’étude du roman Gader Haya, qui relate l’histoire d’amour entre une Israélienne et un Palestinien. 

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Liat est une traductrice israélienne originaire de Tel Aviv ; Hilmi, un artiste palestinien né à Hébron. À des kilomètres de leur pays respectif, alors que l’hiver s’installe et que la neige recouvre peu à peu les rues de New York, ces deux étrangers que beaucoup de choses séparent finissent par tomber amoureux. Une histoire passionnelle qui les suit même à leur retour sur leur territoire, une idylle qui rappelle que l’amour dépasse les frontières et les conflits. Fruit de l’imagination de la jeune écrivaine Dorit Rabinyan, le roman Gader Haya raconte ce genre de rencontres que l’on apprécie entendre et qui redonnerait presque foi en l’humanité.

Largement félicité lors de sa publication en 2014 et malgré le fait qu’il fait partie des vainqueurs du Prix Berstein qui récompense chaque année les jeunes auteurs israéliens prometteurs, ce roman à l’eau de rose n’est pourtant pas du goût de tout le monde, surtout du gouvernement. En effet, le ministère de l’Education israélien a décidé d’exclure le roman des programmes scolaires car il représenterait un danger pour l’identité juive…

Un roman qui encouragerait “les unions entre juifs et non-juifs”

Selon le Monde, le ministère a ainsi invoqué la crainte que le livre de Dorit Rabinyan ne soit considéré comme un “encouragement aux unions entre juifs et non-juifs”, ce qui menace “le maintien de l’identité” juive. Pour le ministre de l’Education et chef de file du parti nationaliste religieux “Foyer Juif”, Naftali Bennett, ce roman “présente les soldats israéliens comme des “sadiques” et les met sur un pied d’égalité avec les “terroristes” du mouvement islamiste palestinien Hamas“, rapporte le Times of Israel – ce même ministre qui, en 2013, déclarait : “J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça.

Pour l’écrivaine juive israélienne d’origine iranienne dont le premier roman Larmes de miel est inspiré de son histoire familiale, le ministère n’a clairement pas lu son livre. En tout cas, de nombreux artistes israélien se sont insurgés contre cette mesure qu’ils considèrent comme de la censure. Parmi eux, Amoz Oz, un des écrivains israéliens les plus connus qui cultive un certain goût pour le sarcasme, n’a pas hésité pas à assurer qu’il était “plus urgent” de retirer du programme “l’étude de la Bible”, rapporte Le Monde

En matière de relations sexuelles entre juifs et gentils [terme désignant les non-juifs], la Bible est mille fois plus dangereuse que le livre de Dorit Rabinyan. Le roi David et le roi Salomon étaient coutumiers de coucher avec des étrangères sans se soucier de vérifier leur nationalité sur leur carte d’identité.

La controverse aura au moins permis de mettre à nouveau en lumière ce roman, provoquant une ruée dans les librairies depuis plusieurs jours. Il parait même que la maison d’édition va relancer les impressions.