Sur Internet, tout le monde est un troll en puissance

Sur Internet, tout le monde est un troll en puissance

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Par Thibault Prévost

Publié le

Une étude de l’université Stanford révèle que l’état d’esprit d’une personne influe énormément sur sa capacité à troller les commentaire sur Internet.

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Le troll d’Internet n’existe pas. Le type frustré jusqu’à la moelle que vous imaginez riant d’un rire de damné, seul dans son sombre cloaque, tapant sur son clavier les pires saloperies autorisées par la langue française pour le seul plaisir de violer sauvagement la section commentaire de votre post Facebook malheureusement rendu public, cet homme n’existe pas. Excepté une minuscule poignée d’authentiques sadiques, misanthropes, sociopathes et pervers – qui n’ont pas attendu l’avènement de l’emoji aubergine pour déchaîner leur fureur malfaisante sur leurs congénères –, personne n’est intrinsèquement un troll. Selon une étude de l’université Stanford, partagée par Engadget, tout le monde peut potentiellement en devenir un dès lors que les conditions sont réunies. Comme le disait le Joker dans le cultissime comic The Killing Joke, “il suffit d’une sale journée” pour péter les plombs sur un clavier AZERTY.

Pour prouver leur hypothèse, les chercheurs ont soumis deux panels de sujets à des tests de trois niveaux différents, facile, compliqué et difficile. Chacun des groupes était ensuite “lâché”, telle une meute, sur les commentaires d’un article, certains infectés par du trolling et d’autres non. Sur le groupe le plus chouchouté, qui a eu droit au test simple et aux commentaires purgés de trolls, 35 % se sont laissés aller au trolling – oui, ça fait beaucoup. Le groupe ayant été exposé, au choix, au test compliqué ou aux commentaires haineux à engendré 50% de trolls. Enfin, dans le groupe le plus torturé, soumis à la fois au test difficile et aux commentaires haineux, 68 % des sujets ont déchaîné leur fureur. Il suffit d’une sale journée.

Un mécanisme mimétique

D’autre part, les chercheurs de Stanford ont également entendu lister les facteurs qui peuvent influer sur la teneur des commentaires en ligne et quelles dynamiques sont à l’œuvre derrière la multiplication des trolls. En se basant sur des années de commentaires postés sur le site de CNN, l’équipe a ainsi découvert qu’en publier aux heures où les gens sont généralement de plus mauvais poil (traditionnellement le lundi matin où en revenant du boulot le soir), où commenter juste après un commentaire signalé, augmentait énormément vos chances d’être à votre tour flaggé. Un mécanisme mimétique qui fonctionne, selon les chercheurs, comme une “spirale de négativité” suffisamment puissante pour transformer n’importe quel Bisounours en ayatollah du point Godwin. S’attaquer aux trolls en ligne, finalement, c’est s’attaquer à une nature profonde qui sommeille en chacun d’entre nous.