Après la Californie, l’Europe veut aussi son Hyperloop

Après la Californie, l’Europe veut aussi son Hyperloop

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Par Thibault Prévost

Publié le

La Slovaquie va développer le premier train supersonique européen, l’Hyperloop, pour relier Vienne et Budapest à très grande vitesse. D’ici à 2020?

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Fermez les yeux. Nos sommes en 2030, en France. Depuis Lille, vous vous êtes prévu un petit weekend à Marseille. A la gare de Lille-Europe, les voies de TGV ont laissé la place à de gigantesques tubes de béton, montés sur pylônes, qui semblent s’étendre jusqu’à l’horizon.

Vous pénétrez dans le wagon, sorte de gigantesque capsule oblongue et effilée aux sièges de silicone moelleux, sans fenêtres, contenant une vingtaine de passagers chacune. Les portes se ferment et une sonnerie de départ retentit. Vous fermez les yeux pendant la poussée initiale, qui comprime votre estomac pendant quelques minutes, puis vous vous détendez. Une heure plus tard, vous émergez du tunnel. Vous voilà gare Saint-Charles, et vous venez de prendre l’Hyperloop.

Le concept du train sans friction n’a absolument rien de nouveau; tous les ingénieurs de ce monde se sont probablement déjà interrogés sur la faisabilité d’un tel moyen de transport : lancé à fond de balle dans un tube à basse pression, libéré de la friction de l’air, vous et votre capsule atteignez rapidement les 1000 km/h de vitesse de pointe. SF, vous dites? “Demain”, vous rétorquera Elon Musk.

En  2013, le Tony Stark de la Silicon Valley lançait l’idée en l’air avant de véritablement s’y atteler, avec le jusqu’au-boutisme caractéristique de ses aventures technologiques. Résultat : en 2016, la société Hyperloop Technologies s’est associée avec le MIT pour le design des capsules tandis que les premiers tests, sur une piste d’essai de deux kilomètres de long; débuteront cet été (si la piste ne prend pas trop de retard). D’ici 2020, selon le PDH d’Hyperloop Tech Shervin Pishevar, les premières lignes régulières transporteront des passagers. En Californie ? En Inde ? Et pourquoi pas en Slovaquie ?

Vienne-Bratislava-Budapest, 300 km et trois capitales

Si, dans la tête de Musk, les tuyaux tentaculaires de l’Hyperloop seraient bâtis entre Los Angeles et San Francisco, pour relier les deux têtes pensantes de la Californie en 30 minutes, le transport par tubes a peut-être trouvé une meileure scène pour briller aux yeux du monde : la Slovaquie. Jeudi 8 mars, rapporte Numérama, la société Hyperloop Transportation Technologies, une concurrente de la société californienne, a annoncé la signature d’un contrat avec le pays d’Europe centrale pour la création d’une voie reliant Vienne, Bratislava et Budapest. L’enjeu urbanistique est énorme: trois capitales européennes distantes d’environ 300 kilomètres, qu’un Hyperloop voyageant à 1200 km/h mettrait à dix minutes les unes des autres et révolutionnerait les notions de mobilité pendulaire et de transport interurbain.

Interrogé par Wired, le PDG de la start-up aux deux employés (les 500 ingénieurs de Boeing, de la Nasa et de SpaceX qui travaillent sur le projet le font pendant leur temps libre, en échange de stock-options), Dirk Ahlborn, a détaillé son plan de route : le premier tronçon de la voie, qui traversera Bratislava et qui sera bâti cette année, coûtera “entre 200 et 300 millions de dollars”. Les second et troisième tronçons, vers Vienne et Budapest, devraient eux être terminés pour 2020. Soit neuf ans avant la date prévue pour le tronçon californien.