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Voici la dernière chose qu’a vue le satellite japonais chasseur de trous noirs avant de mourir

Voici la dernière chose qu’a vue le satellite japonais chasseur de trous noirs avant de mourir

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le satellite japonais Hitomi, conçu pour étudier les trous noirs et disparu en mars dernier, a néanmoins pu envoyer une dernière image, publiée aujourd’hui.

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Le 26 mars dernier marquait la date d’une triste nouvelle pour l’exploration spatiale : le satellite japonais Hitomi, lancé dans l’espace le 17 février dernier par l’agence spatiale nippone JAXA avec pour mission de traquer et étudier les trous noirs comme aucun autre avant lui, disparaissait dans l’espace après une combinaison d’erreurs humaines et informatiques.

Tournoyant seul dans l’espace intersidéral, le satellite était déclaré perdu pour la cause le 28 avril. RIP. Mais si l’outil n’aura été actif que cinq petites semaines, il aura quand même profité de sa courte existence pour se mettre au boulot et envoyer des données inédites à la Terre. Le 6 juillet, les équipes chargées de l’analyse des observations de “la pupille” (Hitomi, en VO) ont publié leurs premiers résultats.

L’étude, parue dans la revue Nature, offre notamment la dernière image envoyée par le satellite avant sa disparition dans l’espace : l’amas de Persée, une sorte de pelote de galaxies située à 250 millions d’années-lumière de la Terre, retenue par le champ gravitationnel d’un trou noir supermassif en son centre, qui représente l’une des plus grosses structures de tout l’Univers connu.

Armé d’un microcalorimètre – un détecteur de rayons X, mais bien plus sensible –, Hitomi a donc photographié et analysé l’activité de cette superstructure de gaz et de matière pour comprendre le rôle joué par les trous noirs dans la croissance des galaxies.

Et ces nouvelles données remettent déjà en cause l’image traditionnelle des trous noirs, vus comme des outremangeurs cosmiques dévorant sans relâche planètes, étoiles et galaxies. Interrogé par Gizmodo, le coauteur de l’étude Brian McNamara, professeur d’astrophysique à l’université de Waterloo (Canada), les voit plutôt comme des régulateurs , qui “contrôlent très efficacement la croissance des galaxies”. 

D’autre part, les instruments de mesure sophistiqués d’Hitomi ont permis de détecter “l’atmosphère” qui compose cette grappe galactique : une sorte de gaz “visqueux”, invisible à l’œil nu et chauffé à plusieurs dizaines de millions de degrés, qui sert d’argile à la poterie des différentes galaxies de l’Univers. Selon Brian MacNamara, ces découvertes déjà prometteuses ne sont que le début : les données envoyées par Hitomi pourraient alimenter 10 à 15 articles dans les années à venir. Pas mal pour un stage de cinq semaines en orbite, finalement.