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“Aidez le Kenya plutôt que Kanye”

“Aidez le Kenya plutôt que Kanye”

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Tel est l’idée d’un site de charité bien pensé qui mérite plus d’attention que la dette de West : une infortune que la plateforme s’est appropriée pour l’exploiter avec brio.

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Le Web est un océan dont les vagues sont encore plus vastes que celles surfées par Cooper et son vaisseau dans Interstellar. Un monde infini qui cache en ses entrailles d’innombrables trésors et il faut parfois plonger en profondeur pour les cueillir.

C’est le cas de ce site qui, sans faire de bruit, germe sous un angle brillant et ne saurait tarder à pousser jusqu’à parvenir à la surface visible d’Internet, à une altitude qui restera tout de même moins haute que celle à laquelle plane West, et d’où il a fait part à la Twittosphère, à la population mondiale, de son drame, sa tragédie, son infortune : sa dette colossale de 53 millions de dollars. Ainsi a-t-il demandé, en parallèle à la sortie de son nouvel et bon (vraiment) album, de l’aide pour la rembourser… allant jusqu’à agripper la manche, sur Twitter, du patron de Facebook. Faisant ainsi rimer Kanye et Kenya.

Choisir de porter son attention à “la vie de bon nombre de personnes” plutôt qu’à celle de Pablo, de faire don de books plutôt que de s’offrir des Boosts, lutter contre la famine plutôt que pour la fashion, préférer les bêtes aux beats, l’H2O plutôt que le patron de Tidal, Jay Z aka “H to the Izzo” (aka JéHOVA…), etc. : c’est ce que propose “Help Kenya Not Kanye” point com.

Kenya > Kanye

On peut apprécier la musique de Kanye West, son indéniable talent pour la composition, ses sept (huit si l’on compte Watch the Throne qu’il partage avec Jay Z, neuf avec le Cruel Summer de son crew GOOD Music, etc.) albums, dont une grande partie sont des classiques du hip-hop… tout en prenant, quand il le faut, un bâton pour le tapoter sur le bout des doigts lorsqu’il se permet certains (grands) écarts de conduite – ou con-tweet –, des dérapages (in)contrôlés qui l’envoient complètement à l’ouest, à la frontière de la sortie de route.

Dans cette direction, le texte qui introduit le site donne le ton :

“Endetté de 53 millions, Kanye West a demandé de l’aide. Allant jusqu’à dire qu’il le mérite plus que les enfants en Afrique.”

Chargement du twitt...

“Vous préféreriez peut-être ouvrir une école en Afrique, et aider vraiment le pays…”

(P.S. : l’Afrique est un continent, Kanye)

Chargement du twitt...

Si vous voulez aider… Aidez-moi…

(P.S. 2 : Alright, Kanye)

“En tant que fan, c’est là que je trace une ligne. Si vous voulez vraiment un GOOD Friday, aidez le Kenya pas Kanye.”

Hop, après cette mise en selle, un premier bouton d’un orange proche de celui de la pochette de T.L.O.P est proposé. Un clic sur “Help Kenya” dirige vers kenyaaid.org. Il n’est jamais obligatoire de faire un don, mais l’option a le mérite d’être proposée…

Et c’est comme cela tout sur tout le site : pour chaque sujet soulevé et juxtaposé à un aspect de Kanye, un don est en faveur d’une campagne spécifique est suggéré. L’humour se mêle au sérieux pour alimenter une réflexion lucide.

The Life of…

La suite :

La population du Kenya a triplé depuis 1980 passant à 47 millions d’habitants, dont 42 % vivent sous le seuil de pauvreté. […]

Pour chaque “rubrique”, des précisions sur l’état du Kenya sont données, avec des chiffres dont la légère approximation n’ôte pas la justesse. Une justesse encore plus forte dans le parallèle entre le constat et Kanye West. Histoire, comme ici, “d’aider à mettre les choses au clair pour moins que le prix de son nouveau disque“.

Même processus ensuite : un bouton orangé propose de “mettre fin à la pauvreté” ; il renvoie vers le site de Save The Children, une organisation non gouvernementale internationale (sérieuse) qui défend les droits de l’enfant à travers le monde.

Books, Boosts et Unicef

“Une paire de Yeezy Boost au détail coûte plus de 200 dollars. Avec cet argent (pour une somme de 209,11 dollars), vous pouvez faire don de livres pour éduquer les enfants au Kenya.

Un kit Unicef School-In-A-Box répond aux besoins d’un enseignant et 40 élèves pour une durée de trois mois.” 

Et nous voilà redirigés vers le site d’Unicef USA pour faire don de livres, moyennant un montant équivalent à une paire de Yeezy Boost.

Des chapitres de la sorte, le site en comporte dix. Avec, en conclusion, une phrase simple de vérité :

“Être un fan de Kanye est très dur. Mais donner au Kenya est très simple.”