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Google Maps : mais où est donc la Palestine…

Google Maps : mais où est donc la Palestine…

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Capture d’écran Google Maps

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Par Rachid Majdoub

Publié le

En provenance du Web, une vague d’indignations déferle sur Google, à qui il est reproché d’avoir retiré la Palestine de ses cartes. Une absence dénoncée il y a cinq mois par une pétition qui demandait au géant américain de donner à l’État observateur non-membre de l’ONU la place qu’il mérite, et qu’il n’a en réalité jamais occupée sur la map…

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Guerre déclarée contre Google. De nombreux internautes reprochent au géant américain d’avoir supprimé la Palestine de sa cartographie en ligne. Le mouvement, qui a pris beaucoup d’ampleur ces derniers jours, notamment sur Twitter avec le hashtag #PalestineIsHere, demande au moteur de recherche de remettre la Palestine sur sa carte.

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Sauf qu’en réalité, le nom “Palestine” n’a jamais figuré en toutes lettres sur Google Maps. Elizabeth Davidoff, une porte-parole de Google, vient d’ailleurs de le rappeler au site DailyDot : “Il n’y avait pas de label ‘Palestine’ sur Google Maps.” Elle ajoute que les ingénieurs du moteur de recherche ont “identifié un bug sur la Cisjordanie et la bande de Gaza”.

Lorsque l’on tape “Palestine” dans sa barre de recherche, Google Maps nous renvoie sur la zone géographique concernée. Là, des pointillés tracent les contours de la Cisjordanie occupée, et de la bande de Gaza – sans que leur nom n’apparaisse. Les pointillés forment alors une ligne, une frontière partiellement effacée entre la Palestine et Israël. Des points indiquent les zones du “proto-État” palestinien : Hébron est ainsi décrite comme une “ville palestinienne de Cisjordanie”. Sur la gauche de l’écran, la description du pays affiche, comme sur Wikipédia :

“La Palestine, en forme longue l’État de Palestine, en arabe دولة فلسطين, est un proto-État du Proche-Orient.”

Enfin, “Israël” apparaît seul sur la carte. Pas de trace de “Palestine” : ici se situe le cœur de la polémique, née il y a cinq mois.

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Une pétition qui a fait du bruit

En mars 2016, une pétition sur Change.org s’adresse à Google. Sa requête : “Placez la Palestine sur vos cartes !” Lancée par un certain Zak Martin, elle accusait l’entreprise d’omettre la Palestine, “une grave insulte pour le peuple palestinien”, et lui réclamait d’enfin lui donner la place qu’elle mérite, mais qu’elle n’a jamais occupée.

“Le pays de la Palestine n’apparaît pas sur Google Maps. Pourquoi pas ? Israël, établi sur des terres palestiniennes, est clairement désigné. Mais il n’y a aucune mention de la Palestine. Selon Google, la Palestine n’existe pas.

L’omission de la Palestine est une grave insulte pour le peuple palestinien et sape les efforts de millions de personnes impliquées pour garantir l’indépendance et la liberté des Palestiniens de l’occupation israélienne et de l’oppression. Ceci est une question importante, les cartes de Google Maps étant maintenant considérées comme définitives par des personnes à travers le monde, y compris des journalistes, des étudiants et d’autres effectuant des recherches sur la situation entre Israël et la Palestine. Que ce soit intentionnel ou non, Google se fait lui-même le complice d’un nettoyage ethnique de la Palestine par le gouvernement israélien.”

Depuis, la pétition a recueilli près de 270 000 signatures électroniques sur un objectif de 300 000. Un communiqué du Forum des journalistes palestiniens publié le 3 août dernier est venu remettre de l’huile sur le feu. Il dénonce le “crime” de Google pour avoir supprimé, le 25 juillet, le nom “Palestine” de son service de cartographie. Ce qui n’est, comme nous l’expliquons plus haut, pas exact. Mais peu importe, au-delà de ça, le problème est bien plus profond : il s’agit de la reconnaissance de la Palestine à travers un prisme virtuel et de référence, comme celui de Google Maps.

Google au cœur du conflit israélo-palestinien

Retour en novembre 2012, lorsque la Palestine fut reconnue comme État observateur non-membre de l’ONU. Quelques mois plus tard, Google apportait une modification symbolique à son moteur de recherche, remplaçant “territoires palestiniens” par “Palestine”.

Un changement directement répercuté sur Maps, qui n’a pas plu au gouvernement israélien, accusant Google d’être pro-palestinien. Et ce malgré l’ajustement à faible risque entrepris par le moteur de recherche, qui n’est pas allé jusqu’à apposer le nom de “Palestine” sur ses cartes à cause du statut encore hybride de la Palestine aux yeux de l’ONU, qui n’en fait pas un État membre à proprement parler.

Plus que prudente, la politique de Google, qui ne peut contenter tout le monde tant la problématique est épineuse, est de froisser le moins de monde possible. Mais la situation dans cette région géographique est tellement délicate que le moindre mouvement est décrié, aussi bienveillant soit-il.

Ou quand le géant du Web devient, malgré lui et de par son statut, l’arbitre virtuel d’un conflit ancré dans la réalité depuis des décennies… Reste à voir si Google, avec de telles responsabilités, est un arbitre qui applique les bonnes règles.

Stop : aucun chemin ne mène à “Palestine”

Si la Palestine est prise en compte par Google Maps, les recherches d’itinéraires que l’on pourrait faire à son sujet sont plus compliquées, voire sans solution. Voici ce que l’on peut remarquer sur Google Maps en effectuant quelques recherches…

  • Lorsque l’on tente de partir de Naplouse (Nablous), importante cité de l’État de Palestine, pour se rendre à Ramallah, capitale administrative de l’Autorité palestinienne, deux trajets absurdes s’offrent à nous :

— Le premier fonctionne dans le sens Ramallah-Naplouse : pour rejoindre les deux villes, il faut faire un détour… en suivant un itinéraire calqué sur la frontière de la Cisjordanie occupée par Israël, que l’on ne peut traverser.


— Dans le sens Naplouse-Ramallah, pas d’itinéraire possible :

  • Lorsque l’on veut partir de Paris pour rejoindre la Palestine, Google Maps est incapable de nous donner un trajet : “Impossible de trouver Palestine, annonce froidement le moteur de recherche.

Pourtant, l’orthographe est la bonne.