AccueilArchive

Deux chercheurs veulent abolir les fuseaux horaires mondiaux

Deux chercheurs veulent abolir les fuseaux horaires mondiaux

avatar

Par Thibault Prévost

Publié le

Pour deux professeurs de la Johns Hopkins University de Baltimore, un fuseau horaire unique simplifierait les flux de capitaux, d’information et de communication.

À voir aussi sur Konbini

Tempus fugit. Le temps fuit, mais il est possible de jouer virtuellement avec en se déplaçant à travers les fuseaux horaires qui tapissent le planisphère à partir de Greenwich (dans la banlieue de Londres, là où se trouve l’Observatoire royal) depuis le début du XXe siècle. Sauf qu’un peu plus d’un siècle après sa mise en place, le système est critiqué par un paquet de monde, notamment pour ses nombreuses absurdités, compilées par Slate dans une édifiante mappemonde. Et tout ça pourrait peut-être bientôt changer.

Le 12 février, le Washington Post accordait une longue interview à Steve Hanke et Dick Henry, deux professeurs de la respectable Johns Hopkins University de Baltimore (Mayland, États-Unis), respectivement économiste et physicien, partis en croisade contre le découpage temporel. Pour eux, il n’y a qu’une seule façon de changer les choses : en dégommant, purement et simplement, tous les fuseaux horaires actuels au profit d’un temps planétaire harmonisé.

Évidemment, si toutes les horloges du monde venaient demain à être réglées sur le Temps universel coordonné (UTC, en VO), certains pays pourraient vivre un changement de rythme de vie assez radical : les Californiens se réveilleraient à minuit, déjeuneraient à 4 heures du matin et rentreraient du boulot à 2 heures du matin… le lendemain. Pas terrible pour les cycles circadiens, tout ça.

L’Espagne est encore à l’heure du IIIe Reich

Selon les deux chercheurs, le découpage des fuseaux horaires a été depuis sa création effectué de manière arbitraire, “pour des raisons politiques et parfois économiques”. L’Espagne contemporaine est ainsi toujours à l’heure allemande depuis les années 1940 (l’heure de l’Allemagne nazie, donc), le Sri Lanka à décider de reculer de 30 minutes en 1996 et, pour des raisons commerciales, les îles Samoa se sont alignées en 2011 sur le fuseau de l’Australie et la Nouvelle-Zélande, leurs principaux partenaires économiques. L’an dernier, la Corée du Nord faisait dans le nord-coréen en annonçant la création de son propre fuseau horaire. Et la liste est encore longue.

Pour Hanke et Henry, l’uniformisation du temps dans un système mondialisé fluidifierait donc la circulation des personnes (notamment pour les horaires de vols), mais aussi les transactions financières et les visioconférences (la Russie, par exemple, possède 11 fuseaux horaires différents). Plus d’heure d’hiver et d’été non plus, et surtout adieu ces stupides conversations qu’on entend deux fois par an, toute notre vie, à base de “On gagne une heure ou on en perd une ? – Euh, on avance, donc ça veut dire que…”, alors qu’au fond, il ne faut vraiment pas avoir fait math sup pour régler un radio-réveil, surtout en 2016 quand la majorité des horloges se règlent toutes seules.

Reste maintenant à convaincre tout le monde que “minuit” est le nouveau “huit heures”, et le tour est joué. Sinon, Hanke et Henry ont aussi un modèle de calendrier simplifié à proposer, dans lequel chaque mois commence…un lundi. Mais ne partez pas, vous allez voir, c’est plus simple…