Figure de la Gay Pride à Istanbul, Hande Kader a été retrouvée brûlée

Figure de la Gay Pride à Istanbul, Hande Kader a été retrouvée brûlée

photo de profil

Par Juliette Geenens

Publié le

La jeune transexuelle s’était insurgée en 2015 contre l’interdiction de la Marche des Fiertés d’Istanbul, exigée par le président Recep Tayyip Erdogan.

À voir aussi sur Konbini

Hande Kader n’avait que 22 ans. Cette jeune femme trans était une grande figure de la communauté LGBT turque. Elle fait désormais partie des victimes de l’homophobie et de la transphobie en Turquie. Selon le Daily Mail, son corps mutilé et brûlé a été retrouvé le 8 août dernier, au bord d’une route d’un quartier résidentiel d’Istanbul. Ses amis avaient signalé sa disparition à Pembe Hayat, une association locale de lutte pour les droits des LGBT, rapporte le site Têtu.

Présentée dans les médias locaux comme une prostituée, Hande Kader s’était fait connaître lors des manifestations de juin 2015 qui contestaient l’interdiction de la Gay Pride à Istanbul, ordonnée par le gouvernement conservateur. L’évènement, pourtant prévu des mois à l’avance, ne pouvait pas avoir lieu à cause du Ramadan, avaient expliqué à l’époque les autorités. C’était sans compter sur Hande Kader, qui s’est vivement indignée contre cette répression abusive.

Chargement du twitt...

Modèle LGBT assassiné

Au cours des manifestations de 2015, elle avait fait face aux policiers turcs, armés de canons à eau, de bombes lacrymo et tirant des balles en caoutchouc. On peut la voir notamment dans une vidéo où elle balance férocement son escarpin contre un camion qui tente d’éparpiller les manifestants bien décidés à célébrer leur liberté sexuelle. Son visage défiguré par la colère et son regard coulant de mascara ont fait le tour du monde, grâce à des photos de l’AFP et de Reuters largement relayées dans les médias.

Bien que les autorités ne se soient pas encore prononcées sur la mort de Hande Kader, il y a de fortes chances qu’il s’agisse une fois encore d’un meurtre transphobe. Cet acte d’une barbarie tristement banale est le second depuis le début du mois d’août 2016. Disparu le 23 juillet dernier, Muhammed Sankari, jeune réfugié syrien homosexuel domicilié à Istanbul, a récemment été retrouvé décapité. Son corps était dans un état méconnaissable, assure Le Parisien, dans un article publié il y a deux semaines.

Ces assassinats sont la preuve que malgré la légalité de l’homosexualité en Turquie, un grave problème d’homophobie et de transphobie persiste. Ce problème est passé sous silence dans la presse turque, au grand dam des associations LGBT, souligne Têtu. Classé 151e sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières en 2016, le pays a été le théâtre d’environ 1 993 meurtres transphobes et homophobes depuis 2008, affirme l’agence de presse indépendante turque, Bianet.