Fashion Week : un styliste brise le tabou de la dépression

Fashion Week : un styliste brise le tabou de la dépression

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Par Lydia Morrish

Publié le

Lors de la Fashion Week de New York, le créateur Kerby Jean-Raymond a présenté une collection qui aborde le thème souvent tabou de la maladie mentale. 

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(Photo: Pyer Moss)
© Pyer Moss

Quand les artistes, les créateurs et les stylistes utilisent leur notoriété pour représenter les marginaux, on ne peut que les saluer. Et devant ceux qui s’intéressent à la maladie mentale, un sujet bien trop ignoré par la société, on est encore plus admiratifs.

La Fashion Week de New York bat son plein et un jeune styliste a profité de l’occasion pour attirer l’attention sur cette question sociale qui lui tient à cœur à travers un défilé provocant. Kerby Jean-Raymond, le fondateur de la marque Pyer Moss, a ainsi utilisé la la mode comme une plateforme pour aborder le thème de la santé mentale.

Intitulée “Double contrainte” – quand deux contraintes sont antinomiques –, cette collection a été présentée samedi après-midi à New York. Chaque vêtement représentait une caractéristique de la dépression.

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Le styliste de 28 ans a souffert de cette maladie dans le passé, et il souhaitait briser le tabou de ce problème de santé qui a tendance à être occulté.

Le défilé a commencé avec la prestation d’une chorale composée de chanteurs exclusivement noirs. Ils ont interprété “Trap Niggas” de Future et “RGF Island” de Fetty Wap. Leurs longues tuniques blanches annonçaient déjà le thème du défilé qui allait suivre.

En effet, les mannequins ont ensuite débarqué sur le podium en arborant des tenues provocantes. Sur les badges de couleur accrochés à leurs casquettes, on pouvait lire distinctement le nom de différents produits utilisés dans le traitement des troubles mentaux, comme la Molly, le LSD ou encore le Prozac. Des inscriptions frappantes étaient imprimées sur d’autres pièces de la collection, comme “Pourquoi tant de mélancolie ?” ou “Je n’ai pas d’amis à LA”.

Hommage à une figure de Black Lives Matters

Mais le moment le plus fort du défilé fut sans doute cet hommage rendu à l’activiste MarShawn M. McCarrell II, une figure du mouvement Black Live Matters, qui s’est suicidé la semaine dernière. Un mannequin vêtu d’un costume bleu est arrivé sur le podium avec une pancarte qui reprenait le dernier message posté par le militant sur Facebook : “Mes démons ont gagné aujourd’hui, je suis désolé.”

Le styliste a expliqué au Huffington Post :

“Toutes mes collections sont fondées sur les choses que j’aime ou les choses que je gère. Elles sont toutes très personnelles.”

Ce n’est pas la première fois que Kerby Jean-Raymond utilise la mode pour aborder une thématique sociale. Le défilé de présentation pour sa collection printemps-été 2016 en septembre attirait l’attention sur la brutalité de la police et le mouvement Black Lives Matter. Le show avait commencé avec la projection d’un court métrage sur des femmes et des hommes noirs assassinés par la police.

Puis les mannequins étaient arrivés avec du sang sur leurs chaussures et des inscriptions comme “Je ne peux pas respirer” imprimées sur leurs vêtements. C’est un sujet qui touche personnellement le styliste car Kerby Jean-Raymond a grandi au sein de la communauté noire, et a été arrêté 12 fois entre ses 12 et 18 ans.

Les messages lourds de sens du styliste sont les bienvenus dans cet univers de la mode, de plus utilisé comme un vecteur pour délivrer des messages. Par exemple, le mois dernier, Louis Vuitton a choisi une égérie masculine, Jaden Smith, pour sa collection de prêt-à-porter féminin.

La mode serait-elle de plus en plus sensible aux thématiques sociales ?

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Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois