Pour lutter contre le suicide, Facebook lance un outil de signalement

Pour lutter contre le suicide, Facebook lance un outil de signalement

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JOAQUIN PHOENIX as Theodore in the romantic drama “HER,” directed by Spike Jonze, a Warner Bros. Pictures release.

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le réseau social permet désormais à son milliard d’utilisateurs de signaler les posts “inquiétants” de ses amis. Utile… et angoissant à la fois.

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Mercredi 15 juin, Facebook a déployé un nouveau dispositif destiné à mieux identifier les tendances suicidaires de certains de ses utilisateurs. Car à l’heure où les réseaux sociaux deviennent le média de communication privilégié entre l’individu et son cercle social,  les lettres suicidaires postées sur les timelines se multiplient. À partir d’aujourd’hui, cependant, le réseau de Mark Zuckerberg va offrir à sa communauté plusieurs outils pour tenter de prévenir ces gestes désespérés, comme le révèle Vice.

Première disposition prise par l’entreprise au milliard et demi d’utilisateurs : la création d’une option “signalement” sous les posts, qui permettra à quiconque de faire part à Facebook de son inquiétude concernant la teneur d’un message posté par l’un de ses amis. Une fois “flaggé”, le statut sera étudié par l’entreprise, qui déterminera le niveau de risque. Si elle estime qu’il y a un risque de passage à l’acte (oui, la décision est arbitraire), Facebook entrera alors en communication avec la personne ayant “flaggé” le statut pour lui proposer différentes façons de discuter avec l’utilisateur en détresse, ou de contacter un ami commun pour faire passer un message. Dans un second temps, le réseau social gardera un œil attentif sur l’évolution du contenu posté par l’utilisateur, et lui proposera différents liens vers des associations. En février dernier, Facebook publiait un rapport identifiant 36 % des posts de ses utilisateurs comme révélateurs d’un mal-être.

Est-ce le rôle d’une entreprise privée ?

Évidemment, si l’on réfléchit au système imaginé par Facebook à l’aune de la vie privée en ligne, le dispositif pose question. Incombe-t-il à un réseau social en ligne de venir en aide à un être humain en proie à des doutes existentiels suffisamment importants pour envisager de mettre fin à ses jours ? Doit-on encourager cette forme d’interventionnisme émotionnel de la part d’entreprises qui, rappelons-le, envisagent leurs utilisateurs comme des machine à générer des données revendables ? Enfin, doit-on conférer à chaque utilisateur de Facebook le pouvoir de signaler la soi-disant détresse d’un autre utilisateur, sur la base arbitraire de l’interprétation d’un statut ? Facebook n’a sans doute cure de ces questionnements, et mettra ces outils en place quoi qu’il arrive.