Au fait, combien de litres de pisse trouve-t-on dans une piscine publique ?

Au fait, combien de litres de pisse trouve-t-on dans une piscine publique ?

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Par Thibault Prévost

Publié le

Des chercheurs canadiens ont analysé l’eau d’un bassin municipal pour en déterminer la concentration d’urine humaine. Réponse : 75 litres.

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C’est un fait bien établi, tant par la rigueur de la science que la permanence de la sagesse populaire : piquer une tête dans un bassin public, c’est invariablement ingérer une certaine proportion d’urine (ou plutôt d’urines mêlées) provenant de parfaits inconnus.

Si le produit censé marquer les terroristes de la vessie d’une flaque rouge de la honte lors de leur acte répugnant n’est (malheureusement) qu’une légende, il existe un moyen très simple de constater la présence d’urine dans un bassin : lorsque le chlore vous irrite la peau et les yeux, c’est qu’il a réagi avec la sueur et le pipi des autres baigneurs. Mais dans quelles proportions ? Une étude parue le 1er mars et menée par des chercheurs canadiens met enfin des chiffres sur une répugnante réalité : oui, tout ce qui sert de bassin public (piscines, mais aussi spas et jacuzzis) contient une part non négligeable de pisse. Désolé.

Une demi-baignoire d’urine

Plus spécifiquement, comme le rapporte le Guardian et la revue Environmental Science & Technology Letters , les chercheurs ont traqué l’acésulfame potassium, un édulcorant industriel qui présente l’intérêt d’être uniquement évacué par voie urinaire. Surprise : 100 % (oui, 100 %) des bassins étudiés en présentent des traces, fournissant la preuve incontestable que tout le monde pisse en se baignant en public. Histoire d’enfoncer le clou, les chercheurs ont ensuite calculé qu’une piscine municipale de 863 000 litres (soit environ le tiers d’une piscine olympique) contient 75 litres d’urine (soit 0,009 % ou, si vous préférez, “une demi-baignoire”). Et c’est proportionnel, puisqu’une piscine moitié moins grande contiendra environ 30 litres d’urine.

Bonne nouvelle : les jacuzzis et spas sont bien plus pollués, les concentrations en acésulfame potassium montant jusqu’au triple de la pire des piscines étudiées. Allez, une dernière bonne nouvelle, rapportée par un ingénieur environnemental à la radio américaine NPR : “Il n’est pas rare que l’eau d’une piscine reste la même pendant des années”, ajouter de l’eau à une piscine au fur et à mesure revenant moins cher que de changer toute son eau.

Comme le précise le Guardian, 19 % des adultes ont admis – dans un rare sondage anonyme – s’être déjà soulagé dans un bassin public, et les nageurs professionnels en ont fait une habitude parfaitement démocratisée. Mais si l’urine est stérile, certains de ses composants – comme l’urée ou l’ammoniaque – réagissent parfois avec les désinfectants utilisés dans les eaux publiques et engendrent des irritations des yeux et des voies respiratoires. Mais rassurons-nous : comme le rapportait Ars Tecnica, il faudra que trois millions de gens urinent dans la même piscine pour que les concentrations soient létales. C’est donc dégueulasse, mais sans risque.