En galère, la Suisse espère sauver un glacier en l’enneigeant artificiellement

En galère, la Suisse espère sauver un glacier en l’enneigeant artificiellement

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Pour sauver le glacier Morteratsch fortement menacé par le réchauffement climatique, une équipe de scientifiques souhaite le recouvrir de neige artificielle en été pour enrayer sa fonte. Un projet réaliste mais coûteux… 

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Au sud-est de la Suisse, à la frontière avec l’Italie, le glacier Morteratsch qui culmine à 4 020 mètres est l’un de ces panorama à couper le souffle : au cœur de la vallée, une gigantesque coulée de glace et son lac laiteux s’étendent sur deux kilomètres. Sauf que depuis 120 ans, celui-ci a diminué de la moitié de sa taille avec un recul annuel d’environ 17 mètres, qui s’est accéléré ces vingt dernières années à 30 mètres par an. Victime du dérèglement climatique, le glacier Morteratsch pourrait ainsi rapidement fondre dans sa totalité. Pour empêcher ce phénomène, des scientifiques néerlandais souhaitent tester une nouvelle méthode unique au monde : lui façonner une couche de protection à l’aide de 4 000 canons à neige pour le protéger du soleil en été. Ambitieux, mais pas donné.

Un “manteau” de luxe

L’idée lancée par Hans Oerlemans, spécialiste des glaciers à l’université d’Utrecht aux Pays-Bas, est donc de recouvrir le glacier de poudreuse artificielle à l’aide de 4 000 canons à neige en été, période durant laquelle le glacier fond le plus. Selon ses calculs, le Morteratsch pourrait alors regagner 800 mètres de calotte en une vingtaine d’années rapporte le site New Scientist. En effet, seul le sommet du glacier pourrait alors être reconstitué.

Les chercheurs espèrent pouvoir recycler l’eau des petits lacs aux alentours ou fondue autour du glacier pour la pulvériser sous forme de poudreuse. En attendant le potentiel lancement du projet grandeur nature, un test va être effectué en juin sur le petit glacier voisin, le Diavolezzafirn. Un projet pilote à 90 000 euros tout de même, mais qui permettrait, s’il est efficace, de pousser le gouvernement helvétique à débloquer les millions d’euros nécessaires pour sauver le Morteratsch.

Pour les observateurs, le problème d’une telle technologie ne serait donc pas tant sa faisabilité mais son coût :

“Le problème avec l’étude du Morteratsch est le même qu’avec toutes les tentatives précédentes pour sauver les glaciers. Elles laissent entendre qu’avec quelques mesures d’ingénierie on peut annuler les effets du changement climatique. Ce que nous pouvons faire en effet de façon assez efficace – la méthode marche globalement. Mais les coûts pour une partie infime d’un glacier sur une chaîne de montagne sont immenses”, tempère Matthias Huss, de l’université de Fribourg (Suisse).

Un espoir limité pour des questions financières qui empêcheraient donc de telles solutions de se développer à grande échelle.