En 20 ans, 10 % des espaces sauvages ont disparu de la planète

En 20 ans, 10 % des espaces sauvages ont disparu de la planète

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Selon une étude publiée dans la revue scientifique américaine Current Biology le 8 septembre dernier, trois millions de kilomètres carrés de nature sauvage ont disparu depuis le début des années 1990. 

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En comparant les cartes actuelles des zones modifiées par l’homme à celles des années 1990, les auteurs de l’étude “Catastrophic Declines in Wilderness Areas Undermine Global Environment Targets sont arrivés à un constat alarmant : l’équivalent de 10 % de nature sauvage a disparu de la planète depuis vingt ans.

L’Amérique latine et l’Afrique sont les premières concernées

Il resterait aujourd’hui 30,1 millions de kilomètres carrés d’espaces sauvages dans le monde, principalement en Amérique du Nord, au nord de l’Asie, en Afrique du Nord et en Australie comme le montre la carte ci-dessous. A contrario, les chercheurs estiment que 3,3 millions de kilomètres carrés de nature ont disparu depuis le début des années 1990 principalement en Amérique du Sud dans la région de l’Amazonie (29,6 % de pertes), et en Afrique (14 % de pertes).

En cause : l’exploitation forestière et l’agriculture fortement développées dans ces zones ainsi qu’une mise en place trop lente des espaces protégés selon les auteurs de l’étude. Paradoxalement, “2,5 millions de kilomètres carrés ont été déclarés zones protégées [depuis le Sommet de Rio de 1992] pendant que 3,3 millions de kilomètres disparaissaient“, résume Le Monde.

Une situation inquiétante car irréversible

Par ailleurs, les auteurs se disent très préoccupés par les résultats de leur étude, du fait que ces espaces naturels sauvages sont l’habitat de nombreuses espèces qui se retrouvent ainsi menacées. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle est irréversible :

“Ces milieux ne peuvent pas retourner à l’état sauvage s’ils ont été occupés par l’homme. Une fois érodés, les processus écologiques qui maintiennent ces écosystèmes ne reviennent jamais à leur état initial”, alerte James Watson, l’un des auteurs de l’étude.

Le Monde, qui a interrogé un professeur d’économie écologique à ce sujet, rapporte que ce phénomène de perte des espaces sauvages s’explique assez naturellement par la croissance démographique : “Il faut savoir qu’en vingt ans, à l’échelle mondiale, le nombre d’êtres humains a augmenté de 30 % […] Et dans certaines régions d’Afrique ou d’Amérique du Sud, on arrive à 60 %. La pression sur les écosystèmes est donc proportionnelle” explique Harold Levrel d’AgroParisTech.

La prise de conscience de la vulnérabilité des espaces sauvages est donc plus qu’urgente.