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En quarante ans, le taux de chômage des jeunes Français a été multiplié par 3,5

En quarante ans, le taux de chômage des jeunes Français a été multiplié par 3,5

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Par Thibault Prévost

Publié le

Selon un rapport de France Stratégie remis à Myriam El Khomri, la situation professionnelle des moins de 25 ans s’est encore dégradée. Ô surprise.

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Le sens du timing est admirable : quelques heures à peine avant la publication des chiffres du chômage (spoiler : c’est reparti à la hausse, +0,8 %), le think tank France Stratégie a remis à la ministre du travail Myriam El Khomri un rapport accablant sur la situation de l’emploi chez les jeunes Français de moins de 25 ans. Avec, en son centre, cette statistique terrifiante : en quarante ans, le taux de chômage des jeunes à été multiplié par 3, 5. Et en 2017, roulement de tambour, 24 % d’entre eux – d’entre vous – sont sans emploi.

Si la situation est commune à toute l’Europe de l’Ouest, précise encore le rapport, la France présente néanmoins l’une des plus mauvaises situations, avec un taux d’activité des jeunes inférieur de 4,5 points à la moyenne continentale. Si ce chiffre doit être mis en perspective avec la durée allongée des études scolaires (50 % des 18-24 ans sont encore étudiants, précise France Stratégie), la France compte néanmoins près de 14 % des 20-24 ans sans emploi et 15 % des 15-29 ans qualifiée de “– ni emploi, ni étude, ni formation, en langage administratif. Pire : ce “surchômage” persiste encore dix ans après l’entrée des jeunes sur le marché du travail.

Deux CDD sur trois ont une durée inférieure à un mois

Bon, d’accord, mais il y en a bien qui bossent, quand même ? Oui, mais là non plus, le constat n’est pas tout rose, loin de là. Selon France Stratégie, 35 % des 15-29 ans ont un contrat temporaire, entre CDD, intérim ou apprentissage. Et spoiler alert, l’époque du CDD-tremplin vers les CDI semble bel et bien révolue. Aujourd’hui, le parcours classique ressemble à une partie de Takeshi’s Castle entre les CDD, le chômage étant la flaque de boue à éviter en contrebas. De toute manière, explique le rapport, 45 % des primo-arrivants sur le marché du travail occuperont un poste pour lequel ils n’ont pas été formés, ce qui explique probablement l’absence de perspectives d’évolution de carrière.

Pour résumer, environ 75 % des jeunes Français non étudiants de moins de 25 ans sont en galère : 24 % au chômage, 15 % sans emploi, ni formation, ni droit au chômage, et 35 % en contrat précaire. On tomberait des nues si c’était pas  le douzième article qu’on vous pond sur le sujet. Le chômage des jeunes n’est même plus une information, c’est un soap opera, aussi merdique qu’interminable, une lente descente vers les profondeurs de la dépression post-2008. Vous en voulez encore ? Deux CDD sur trois “ont une durée inférieure à un mois”, apprend-t-on. Et dire qu’il y en a encore pour nous expliquer que si les 15-24 n’adhèrent plus aux valeurs de l’entreprise, c’est à cause des filtres Instagram

Rassurons-nous cependant, selon un sondage OpinionWay paru le 24 janvier à l’occasion du Salon des auto-entrepreneurs, 6 jeunes sur 10 croient avoir trouvé la parade et souhaitent créer leur entreprise. Grand bien leur fasse. Ils ont probablement oublié de lire l’astérisque en bas du contrat, qui précise que seuls 30 % des fiers auto-entrepreneurs survivent plus de trois ans à ce régime ultra-libéral sans filet, sans allocations chômage et sans la moindre protection salariale, et c’est l’Insee qui le dit. Le tout pour déclarer un chiffre d’affaire annuel de 15 000 euros, soit 5 000 euros de moins que le salaire moyen en France. Quand une telle compromission apparaît comme une solution miracle, ça donne une bonne idée de la gravité de la situation.