Élections législatives décisives aux Pays-Bas

Élections législatives décisives aux Pays-Bas

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Mercredi 15 mars, les citoyens néerlandais sont attendus aux urnes afin d’élire leurs 150 députés. Une poussée de l’extrême droite est redoutée. Explications.

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Mercredi 15 mars, des élections législatives ont lieu aux Pays-Bas, avec quelque 12 millions d’électeurs attendus aux urnes. L’enjeu est le renouvellement des 150 élus de la Seconde chambre des États généraux. Il s’agit de l’équivalent de notre Assemblée nationale : elle représente la population, contrôle le gouvernement ainsi que les budgets et participe à la conception des lois. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, elle est plus importante que la Première chambre, qui se rapproche davantage de notre Sénat.

Le scrutin néerlandais est un système proportionnel dit plurinominal, c’est-à-dire que les sièges de la Chambre sont attribués en fonction du nombre de voix recueillies, ce qui n’est pas le cas en France. Selon France Info, 60 000 votes environ sont nécessaires pour qu’un parti obtienne un siège de député. Cette élection (qui a lieu tous les quatre ans) s’annonce particulièrement décisive cette année, les thématiques qui semblent préoccuper les électeurs néerlandais ayant quelque peu changé depuis 2012. L’immigration est ainsi un thème majeur de cette campagne.

La formation qui dispose actuellement de la majorité est le Parti populaire libéral et démocrate (centre droit), communément appelé VVD, dirigé par Mark Rutte, Premier ministre du pays en poste depuis plus de six ans. L’éventail de choix dont disposent les électeurs pour le renouvellement de leurs députés est composé de 28 partis. Mais celui qui semble le plus à même d’obtenir un score record s’appelle Geert Wilders.

Un puissant opposant au programme inquiétant

L’opposition la plus virulente au gouvernement actuel trouve son porte-parole en la personne de Geert Wilders. Ancien membre du VVD, il a fait scission en 2006 en créant son propre mouvement : le Parti pour la liberté, appelé PVV. Geert Wilders et son parti firent partie du gouvernement Rutte I de 2010 à 2012, mais cette tentative de collaboration échoua, du fait des positions trop extrêmes du PVV. Cependant, comme le souligne France Info, même s’il remportait la majorité, le parti de Geert Wilders pourrait ne pas disposer d’une coalition suffisante pour gouverner, aucun de ses adversaires n’acceptant de s’allier avec lui.

En effet, le programme de ce parti est viscéralement islamophobe : comme le soulignent Les Échosil promet la fermeture des mosquées et écoles musulmanes, l’interdiction du halal et de la vente du Coran, ainsi qu’un “Muslim Ban”. Il souhaite également un retrait de la zone euro et de l’Union européenne.

Comme le rapporte Le Monde, lors de l’ultime débat télévisé avant les élections qui se tenait lundi 13 mars au soir, les discussions entre le Premier ministre et Geert Wilders furent houleuses. Sur le plateau, ce dernier a déclaré :

“Si vous voulez que l’argent aille aux demandeurs d’asile, à Bruxelles et en Afrique, plutôt qu’à vous-mêmes, votez pour le [Parti populaire libéral et démocrate] VVD de Mark Rutte. Mais si vous voulez que les Pays-Bas soient à nouveau à nous, alors chassez cet homme et placez-moi dans la Petite Tour [le nom du bureau du Premier ministre néerlandais] !”

Après l’incident diplomatique avec la Turquie qui pollue cette campagne depuis plusieurs jours et divise le pays, Geert Wilders s’est opposé à la solution de “désescalade” prônée par Mark Rutte :

“Erdogan continue à dire que nous sommes des nazis et des fascistes. Il insulte la police néerlandaise. Pas de désescalade. Expulsez l’ambassadeur turc des Pays-Bas et l’équipe toute entière.”

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Comme le rapporte RFI, Mark Rutte a également mis en garde contre la montée du populisme en Europe : “On peut dire que ces élections sont les quarts de finale pour essayer d’empêcher le mauvais populisme de gagner. Les demi-finales sont en France en avril et mai et ensuite, la finale en Allemagne en septembre.”

On rappelle qu’en France, après la très médiatisée présidentielle, les législatives se dérouleront les 4 et 18 juin 2017 pour les Français de l’étranger et les 11 et 18 juin 2017 pour tous les autres.