Donald Trump mise sur le charbon et oublie le réchauffement climatique

Donald Trump mise sur le charbon et oublie le réchauffement climatique

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Mardi 28 mars, le président américain Donald Trump a signé un décret ordonnant le réexamen du Clean Power Plan, une mesure adoptée par Barack Obama visant à réduire les émissions américaines de CO2.

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Mardi 28 mars, le chef d’État américain Donald Trump se trouvait au siège de l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Selon l’AFP, il y a signé un ” décret sur l’indépendance énergétique “. Ce dernier entraîne immédiatement une révision du Clean Power Plan, mis en place lors du second mandat de son prédécesseur, Barack Obama. Cette mesure, qui s’inscrivait dans la lignée de la COP21 et de la nécessaire implication des états dans la lutte contre le réchauffement climatique, imposait aux centrales électriques américaines une baisse des émissions de CO2 de 32 % d’ici à 2030.

Interrogé par Challenges en 2016, le climatologue Hervé Le Treut saluait cette mesure en confirmant la dangerosité qu’il y a à avoir recours au charbon :

“Le charbon est le premier ennemi du climat, c’est la cible prioritaire. Il produit des dommages écologiques considérables. De manière générale, il faut réduire tous les hydrocarbures, et le charbon est le plus polluant d’entre eux et il a les réserves les plus importantes. Les États-Unis ont donc visé juste. Ces nouvelles règles vont réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des centrales au charbon, dont l’économie américaine dépend encore à près de 40 % pour sa production d’électricité.”

Cette réglementation avait ainsi pour but de donner une impulsion aux énergies propres, nécessaires dans la lutte contre le réchauffement climatique. Malgré la mise en vigueur de cette réglementation, les États-Unis restent tout de même le deuxième pays émetteur de gaz à effets de serre dans le monde.

“Mon administration met fin à la guerre contre le charbon”

Néanmoins, Donald Trump souhaite redonner la part belle au charbon, malgré la pollution que cela entraîne. Selon le journaliste Gilles Paris“ce dernier a transformé la question des énergies en pur enjeu économique et géostratégique : créations d’emploi et indépendance énergétique”. En effet, on sent dans le discours de ce dernier la volonté d’assurer aux salariés concernés qu’ils ne perdront pas leur emploi, coûte que coûte : “Nous adorons les mineurs du charbon, des gens fantastiques”. Par la flatterie, Donald Trump tend inconsciemment ou non, à dangereusement opposer écologie et création d’emploi, deux notions qui ne sont pourtant pas incompatibles.

Une déclaration d’amour qui semble avoir été entendue. La ratification de ce décret a été saluée par la National Mining Association, qui a réagi en “applaudissant” l’initiative du président américain.

Le pouvoir reste aux états fédérés

Toutefois, la répartition des rôles dans la Constitution américaine préserve un large pouvoir fédéré dans les états. Si les états ne sont pas d’accord pour suivre l’initiative du président, ils sont en mesure de conserver une ligne de conduite qui leur est propre.

Interrogé par Le Monde, James Van Nostrand, le directeur du Centre pour l’énergie et le développement durable de l’université de Virginie-Occidentale rappelle que si cela supprime de nombreuses contraintes pour les entreprises, la transition énergétique semble heureusement avoir gagné les mentalités de l’opinion publique, mais aussi des chefs d’entreprise :

“C’est un coup de frein au niveau fédéral, mais la décarbonation est en marche, au niveau de nombreux États comme au sein de grandes entreprises, notamment chez les géants du high-tech, très agressifs sur le sujets. On peut encore atteindre les objectifs de Paris.”

Une position confirmée par l’institut de sondages Gallup, qui a publié le 27 mars une étude selon laquelle un américain sur deux se sentirait concerné par le réchauffement climatique, ce qui correspondrait à une hausse de 37 % en deux ans du nombre de personnes concernées par cette problématique. Ce chiffre pourrait donc pousser les villes et entreprises à entendre les préoccupations de leurs citoyens et clients, en dépit de la volonté de Donald Trump.