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Le don du sang est enfin ouvert aux homosexuels, sous certaines conditions

Le don du sang est enfin ouvert aux homosexuels, sous certaines conditions

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Par Salomé Vincendon

Publié le

Depuis le 10 juillet 2016, les homosexuels peuvent eux aussi faire don de leur sang, sous certaines conditions. Une mesure qui met fin à une discrimination qui durait depuis plus de trente ans.

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Sur le site de l’Établissement français du sang, la page des conditions à respecter pour être donneur de sang a été mise à jour ce 11 juillet au matin, avec des nouveautés relatives aux modifications entrées en vigueur le 10 juillet. Depuis 1983, une  circulaire de la direction générale de la Santé excluait les homosexuels du don du sang, les considérant comme un groupe à risques, car la communauté gay avait été vivement touchée au début de l’épidémie du VIH à la fin des années 1970. Désormais “le don de sang devient possible pour un homme qui a ou a eu des relations sexuelles avec un autre homme“. Oui, mais selon certaines conditions, qui ont été longuement critiquées en novembre dernier.

Pour un donneur gay, il faut donc respecter une abstinence d’un an “après le dernier rapport sexuel entre hommes pour effectuer un don de sang ‘total'”, soit un don de cellules et de plasma. En revanche pour les hétérosexuels, les relations sexuelles avec un partenaire ne sont a priori pas un problème puisque plusieurs questions sont posées à ce sujet sur le questionnaire précédent le don. Seul le changement de partenaire dans les quatre derniers mois pose des difficultés.

Mais à la question “Dans les quatre derniers mois, avez-vous eu plus d’un (une) partenaire sexuel(le) ?”, on note un astérisque qui précise que cette question ne s’adresse pas “aux relations exclusivement entre femmes”, donc aux lesbiennes, qui en plus de pouvoir donner leur sang, sont soumises à moins de questions que des hétérosexuels. Le site SOS homophobie, évoque une circulaire EFS de 2002, expliquant que le motif d’exclusion pour donner son sang n’est plus d’être “une personne homosexuelle ou bisexuelle” mais d’avoir eu “des relations homosexuelles masculines”. En somme, l’EFS a autorisé il y a déjà quatorze ans le don de sang pour les lesbiennes.

Les partenaires féminines également concernées

Ces nouvelles modalités concernant les relations sexuelles entre hommes s’appliquent en fait à un plus large cercle que la seule communauté homosexuelle. Sur le site de l’EFS, on peut lire que les femmes “dont le partenaire masculin a eu lui-même un rapport sexuel avec un homme dans les 12 derniers mois ou un rapport sexuel contre rétribution dans les 12 derniers mois ne peuvent pas donner leur sang pendant douze mois”. Les hommes bisexuels sont donc fatalement visés, et avec avec eux leurs partenaires féminines. Ces nouvelles mesures incluent également que toute personne doit être renseignée sur les expériences et orientations sexuelles de son partenaire durant les douze derniers mois.

On note la référence au “rapport sexuel contre rétribution”. Marisol Touraine l’avait annoncé dans un entretien au Monde en novembre dernier, les nouveaux questionnaires concerneraient également “les hétérosexuels ayant des pratiques à risques, par exemple avec des prostituées.” De nouvelles questions ont donc fait leur apparition sur les questionnaires de L’EFS, qui caractérise les relations sexuelles tarifées comme des “rapport(s) sexuel(s) en échange d’argent ou de drogue”. Les donneurs ayant fréquenté une prostituée dans les douze derniers mois sont donc désormais aussi visés par les contrôles, tout comme leur partenaire régulière.