Docu : comment la culture chicano s’est étendue jusqu’au cœur du Japon

Docu : comment la culture chicano s’est étendue jusqu’au cœur du Japon

photo de profil

Par Naomi Clément

Publié le

Avec leur mini-documentaire Chicano, les réalisateurs Louis Ellison et Jacob Hodgkinson nous plongent dans une scène méconnue de l’underground japonais.

À voir aussi sur Konbini

L’amour des Japonais pour les sous-cultures étrangères n’est pas nouveau. Déjà, en 2014, Vice faisait état des “B-stylers”, ces adolescents à tel point fascinés par la culture hip-hop américaine qu’ils rêveraient “d’être noirs”, pour reprendre les termes du média américain. Cette même année, la marque de matériel audio Bose diffusait une série de mini-documentaires révélant l’existence de la scène cachée du dancehall, une sous-culture originaire de Jamaïque qui a fini par se loger avec enthousiasme dans la conservatrice société nippone.

À présent, les réalisateurs britanniques Louis Ellison et Jacob Hodgkinson nous offrent Chicano : un mini-documentaire relayé par Dazed, qui retrace la façon dont la culture chicano a conquis le pays du Soleil-Levant. Souvent stigmatisés aux États-Unis, dont ils sont originaires, les cholos ont en effet trouvé grâce aux yeux de nombreux Japonais, qui en ont adopté le style vestimentaire, la musique, les tatouages et les Lowriders, ces voitures colorées inventées par les Mexicains-Américains pour affirmer leur culture hispanique au sein de la société US.

“Lorsque le mouvement Lowriders a commencé à devenir populaire dans les années 1990, les gangs et les cholos originaires des États-Unis ont été importés au Japon en tant que culture grâce au Lowrider Magazine, explique dans le film Shin Miyata, propriétaire du label Barrio Gold Records. Aux États-Unis, ils constituaient une minorité, et c’est parce qu’ils constituaient une minorité qu’ils ont préféré exprimer leurs opinions à travers leurs vêtements et leurs voitures plutôt que par leurs voix.”

“Nous nous sentons proches de la façon qu’ils ont d’exprimer leurs opinions, d’aimer leur famille”

Pour cet homme, qui a passé la grande majorité de son existence à faire connaître la musique et la culture chicano au Japon, cette fascination s’explique principalement par le fait que Chicanos et Japonais partagent de nombreuses valeurs. “Les Japonais est les Chicanos font très attention au détail, poursuit Shin Miyata. Par exemple, nous peignons nos voitures avec la plus grande précision, nous les réparons avec soin, nous les regardons avec douceur et nous les récréons comme s’il s’agissait d’une toute nouvelle voiture ; comme un art, comme l’artisanat traditionnel japonais.” Et de conclure :

“Au Japon, les gens ont des valeurs familiales et une identité sociale très fortes. Ils gardent profondément en tête leurs origines, le milieu duquel ils viennent, le lieu où ils ont grandi.

Les Chicanos ont émigré du Mexique pour s’installer à Los Angeles sans aucun papier pour travailler. Ils ont travaillé dur pour leur famille, et ne s’offraient une Lowrider que s’ils avaient assez d’argent pour ça. Nous nous sentons proches de la façon qu’ils ont d’exprimer leurs opinions, d’aimer leur crew et leur famille, et de travailler dur pour ce qu’ils souhaitent obtenir.”