Pour dissuader les braconniers, les musées ornent leurs animaux de fausses cornes

Pour dissuader les braconniers, les musées ornent leurs animaux de fausses cornes

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Grande galerie de l’évolution du Museum national d’histoire naturelle de Paris (©MNHN)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Pour faire face à la menace du braconnage, même les musées possédant des animaux empaillés comme des éléphants ou des rhinocéros se mettent à remplacer leurs cornes par des fausses. 

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Après l’attaque violente et inédite du zoo de Thoiry, durant laquelle des braconniers ont abattu un jeune rhinocéros avant de s’emparer de l’une de ses cornes, les mesures préventives se multiplient. Plusieurs zoos européens ont ainsi déjà commencé à décorner leurs rhinocéros de façon à leur éviter d’être la cible des braconniers : c’est la solution radicale déjà mise en place dans des établissements en Belgique et en République tchèque.

Mais ce que vous ne saviez peut-être pas, c’est que même les musées possédant des animaux à corne empaillés ont, à l’instar du Muséum national d’histoire naturelle, déjà pris des mesures tout aussi drastiques depuis plusieurs années. Comme le rapporte Le Monde, les musées sont aussi la cibles des braconniers, ce qui a poussé certains d’entre eux à décorner leurs animaux naturalisés, pour remplacer l’ivoire par des imitations. Oui, nous vivons dans un monde bien minable …

Une alerte du ministère de la Culture lancée dès 2011

Dans la Galerie de l’évolution du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, les rhinocéros empaillés arborent ainsi de fausses cornes depuis 2012. La décision d’utiliser ces moulages en résine a été prise à la suite d’une alerte lancée par le ministère de la Culture en 2011 faisant état du risque accru de vols de corne dans les musées. La même année, des malfaiteurs avaient agressé un membre du personnel de sécurité du Musée de la chasse et de la nature, situé dans le quartier du Marais à Paris, avant de repartir avec la corne d’un rhinocéros blanc sous le bras.

Cette année-là, la Direction des musées de France dénombrait pas moins de quatre cas similaires ailleurs dans l’Hexagone. Ailleurs en Europe, cette nouvelle forme de délinquance explosait également, au point de devenir la hantise des directeurs de musées, de zoos ou de salles de vente. On relit aujourd’hui avec amertume ces lignes publiées dans Le Parisien la même année : “Par mesure de précaution, le zoo de Thoiry (Yvelines) a décidé de placer ses trois rhinocéros blancs sous haute surveillance.” On connaît aujourd’hui la triste suite de l’histoire.

De son côté, la Galerie de l’évolution, qui a subi une tentative d’effraction en 2015, déploie le procédé sur l’ensemble de ses animaux à cornes, ajoutant des écriteaux notifiant explicitement la présence de fausse cornes et défenses. Histoire d’être le plus clair possible. Le problème insolvable est que plus un animal est rare, plus il est protégé, plus sa valeur s’accroît et plus il est difficile de lutter contre les trafics qu’il attise. Il est bien triste de constater que même morts, certains animaux semblent difficiles à mettre en sécurité.