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Quand les femmes détournent les dick pics en œuvres d’art

Quand les femmes détournent les dick pics en œuvres d’art

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Par Violaine Schutz

Publié le

Bien souvent, le ou la destinataire d’une photo de pénis non sollicitée (un incontournable de l’ère Tinder) ne sait pas quoi faire de ce cliché. Mais certaines ont transformé ce phénomène du nouveau millénaire en œuvre d’art à part entière.

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L’installation féministe

La journaliste américaine féministe et activiste Whitney Bell présentait à Los Angeles l’an dernier avec succès une exposition intitulée “I Didn’t Ask For This : A Lifetime of Dick Pics” (“Je n’avais pas demandé ça : toute une vie de photos de bites”), reprise cette année à San Francisco. Cette dernière présentait dans une pièce ressemblant à une chambre cosy 200 clichés de photos de sexes masculins non sollicitées reçues par elle ou des amies. Son but ? Recréer le sentiment de stupéfaction et de gêne que peut ressentir une femme en recevant une photo de ce genre, sans avoir rien demandé. Whitney raconte s’être déjà sentie agressée au sein même de son appartement douillet en recevant un cliché de pénis pris en gros plan. Mais sa volonté n’était pas, a-t-elle précisé à Vice, de faire honte aux attributs des hommes. Juste de montrer une réalité ordinaire qui peut parfois confiner au harcèlement. Son credo ? “J’aime bien une belle bite mais je ne veux pas être forcée de la regarder.

Le projet photo cute

Il y a des métiers plus drôles que d’autres. Celui de Soraya Doolbaz en fait partie. Cette jeune Canadienne installée à New York est photographe de pénis et vit de son art. Depuis quelques années, elle se consacre en effet à un projet intitulé Dicture (contraction de “dick” et “picture”). Elle en a eu l’idée alors qu’elle était célibataire et que son téléphone s’est transformé en forêt de bites reçues par SMS. Constatant que toutes n’étaient pas des plus esthétiques, et que ses amis gays en prenaient de meilleures, elle s’est dit que si elle les photographiait elle-même, le résultat serait bien plus excitant. Soraya a donc élaboré des mises en scènes de pénis parés de fringues de poupées afin d’en faire des personnages à part entière. Le succès médiatique fut au rendez-vous. En plus de se retrouver exposés et vendu à prix d’or dans des galeries, ses clichés ont donné lieu à des mugs et des calendriers assez surréalistes. Son chef-d’œuvre ? Le sexe déguisé en Donald Trump, personnalité qu’on qualifie souvent de “dickhead”.

Le fanzine autobiographique

Il n’y a pas que les hommes qui envoient des photos de leur anatomie. L’an dernier, la chanteuse et actrice française Soko sortait un fanzine sexplicitement appelé Sextagram : A Zine by Soko. Il compile tous les messages privés et très érotiques reçus par l’artiste sur Instagram. À force d’être honnête et intime avec ses followers, la brune s’est attiré beaucoup de messages tout aussi intimes. Parmi eux, des photos de nu, des invitations sexy, des demandes de faveurs sexuelles, de câlins ou des déclarations d’amour enflammées. Soko a déclaré au magazine Dazed And Confused être sortie avec quelques-unes de ses admiratrices lui ayant envoyé des sextos, ce qui rajoute encore un peu de croustillant à cet objet arty.

Une publication partagée par SoKo (@sokothecat) le

Les dessins naïfs

À force de poster des photos sexy d’elle sur Twitter et Instagram, une jeune Texane de 18 ans prénommée Sisha est devenue la destinataire de beaucoup de messages énamourés. Parmi ces missives, à peu près trois mails par jour contiennent des photos de sexes masculins. Au départ, lassée, elle n’ouvrait plus que les messages de filles. Elle a ensuite trouvé ce qu’elle pouvait faire de ces clichés non désirés : elle s’est mise à dessiner par-dessus les spécimens reçus avant de poster le résultat sur Snapchat. Elle leur ajoute notamment des petits personnages, des perruques ou des cœurs naïfs qui les rendent particulièrement sympathiques. Parfois, elle renvoie même ses créations (très appréciées des internautes) aux expéditeurs. Hélas, on ne sait pas ce qu’en ont pensé les arroseurs arrosés.

La performance humoristique

En juillet dernier, lors d’une soirée déguisée sur le thème d’Internet, Amy, une amie de l’auteure australienne Clementine Ford, s’est présentée grimée “en photo de pénis non sollicitée”. Elle était vêtue d’une tenue de couleur chair, portait un chapeau en forme de gland, des lunettes de soleil (pour passer incognito) ainsi qu’une pancarte retranscrivant une discussion virtuelle :

“Hey, tu veux baiser ?

– Non, je ne veux pas.

– Ça serait cool. 😉J’ai pris une photo pour toi.”

Les commentaires n’ont pas manqué, dont certains très amusants. Parmi eux : “Était-elle seulement invitée à la soirée ?” ou “Toutes les héroïnes ne portent pas de capes. Mais certaines portent des costumes de dick pics non sollicitées.” Une véritable héroïne des temps modernes…