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“Détends-toi” : Emma explique en BD pourquoi les femmes n’ont pas à s’excuser d’être en colère

“Détends-toi” : Emma explique en BD pourquoi les femmes n’ont pas à s’excuser d’être en colère

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Dans sa nouvelle BD publiée sur Facebook, l’illustratrice Emma met en lumière le traitement sexiste de la colère des femmes, taxées d’hystériques, et en dénonce les lourdes conséquences.

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Il y a six mois, sa BD Fallait demander a cartonné sur Facebook et été reprise par quasiment tous les médias de France, car elle abordait un sujet qui parle à beaucoup : la répartition des tâches entre hommes et femmes. La dessinatrice blogueuse Emma permettait alors de faire parler du concept de “charge mentale”, le fait que les femmes doivent toujours penser à tout en matière de tâches domestiques et parentales, dont elles sont les responsables et les dirigeantes tandis que les hommes ne sont généralement que de simples exécutants.
Alors que le deuxième tome de sa BD “100 % féministe et révolutionnaire” Un autre regard sort ce jeudi 9 novembre, elle a publié sur Facebook et son site la dernière histoire. Détends-toi s’attaque à une autre manifestation de notre société et son éducation sexistes en une cinquantaine d’illustrations toujours aussi justes et éloquentes : le fait que les expressions de colère des filles et femmes ne soient pas jugées légitimes socialement.

“C’est ma réaction de défense, plus que l’attaque, qui semblait déplacée”

“À chaque fois c’est ma réaction de défense, plus que l’attaque, qui semblait déplacée”, raconte la dessinatrice, en évoquant des souvenirs révélateurs : des insultes faites par des gars à l’adolescence, après lesquelles elle semblait toujours la fautive.

“Faire croire à une personne blessée qu’elle est la fautive, c’est de la manipulation émotionnelle. Et le subir régulièrement tend à nous faire perdre nos repères.”

Conséquence : vu l’humiliation subie par les femmes qui doivent s’excuser d’avoir été blessées, elles finissent par ne plus répondre aux provocations. Emma, à l’image de beaucoup d’autres femmes, explique donc être désormais incapable de discerner les situations dans lesquelles il est légitime de se mettre en colère. Rien d’étonnant si on considère les origines de ce “contrôle social de nos émotions”, souligne la dessinatrice.

De lourdes conséquences

La colère d’une femme sera ainsi mise sur le compte de ses règles ou un autre prétexte, le problème ne sera jamais vu comme étant extérieur. Au point que des termes spécifiques ont été inventés pour la décrédibiliser, comme “hystérique” ou “mégère”. Pour ne pas être taxées de ces qualificatifs, les femmes taisent leur colère, ou trouvent des façons détournées, “lisses”, de l’exprimer — voire disent carrément l’inverse de ce qu’elles pensent.
Sauf qu’étouffer leur colère a des conséquences de taille sur la santé mentale des femmes, et l’habitude de la taire les laisse “paralysées en situation d’agression car [elles n’ont] plus confiance en [leurs] réflexes défensifs”.

Pour une éducation vraiment égalitaire

C’est notamment flagrant dans le monde politique, où “si la colère asseoit le charisme des hommes, à l’inverse, elle décrédibilise les femmes”, souligne Emma. Cette perception de la colère des femmes est complètement intégrée, comme une étude de 2015 avec 210 étudiant·e·s l’a montré.
La dessinatrice finit par partager quelques principes simples lui permettant d’agrandir sa “zone de confort émotionnel”. Si une personne la met mal à l’aise, elle s’autorise à la mettre mal à l’aise en retour afin que “la gêne change de camp”. Quand un homme s’énerve sur elle, elle exprime son mécontentement calmement, et elle s’accorde “le droit de mettre fin aux situations désagréables”.