Pour feinter Big Brother et la reconnaissance faciale, essayez ces splendides lunettes

Pour feinter Big Brother et la reconnaissance faciale, essayez ces splendides lunettes

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Par Clotilde Alfsen

Publié le

Des chercheurs ont mis au point des lunettes avec des motifs psychédéliques qui permettent de berner les logiciels de reconnaissance faciale… et même de vous faire passer pour Milla Jovovich (si, si). 

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Un scan de votre visage peut aujourd’hui vous servir de mot de passe pour votre ordinateur ou votre téléphone. Dans l’idée c’est plutôt pratique, mais votre visage peut également être identifié à partir d’images de caméras de vidéosurveillance. Utilisée à mauvais escient ou sans garde-fous, la technologie de la reconnaissance faciale peut même être très dangereuse pour la démocratie, comme le souligne Le Monde.

Pour nous aider à préserver notre vie privée, des chercheurs de l’université Carnegie Mellon ont trouvé un moyen pour feinter les outils d’identification utilisant une intelligence artificielle. Leur étude a été rendue publique le 28 octobre, lors d’une conférence de cybersécurité à Vienne.

Quelle est leur technique ? Une paire de lunettes à imprimer soi-même en 3D, pour la modique somme de 22 cents (soit environ 20 centimes d’euros). Celle-ci permettrait de brouiller les pistes des logiciels, de faire passer une personne pour une autre ou même de rendre le visage présenté non identifiable comme humain. Au cours d’un test, un homme portant ces lunettes aurait été identifié à 87,87 % comme étant Milla Jovovich. En photoshopant leurs binocles sur des photos de stars, les chercheurs ont également réussi à faire passer Reese Witherspoon pour Russell Crowe, dans 97 % des cas.

Tromper Big Brother

Comment ça marche ? Les lunettes sont décorées de motifs batik (une méthode d’impression sur tissus utilisée en Afrique et en Asie). Leur design très coloré a été spécialement conçu pour tromper les logiciels d’identification.

Il faut savoir que ces programmes informatiques ne reconnaissent pas les visages comme vous et moi. Ils se servent ainsi des pixels, des couleurs et des zones d’ombre sur les images pour établir la distance entre les yeux, le nez et la bouche, pour finalement identifier un visage.

Si en laboratoire les test semblent particulièrement concluants, le succès de ces lunettes dans le monde réel reste à déterminer. Les chercheurs ont indiqué que leur invention est efficace si la personne qui la porte est à l’abri de la lumière naturelle — ce qui n’est pas forcément le cas lorsque l’on marche dans la rue. Pour autant, des tests réalisés sur un groupe de volontaires pendant la conférence à Vienne ont obtenu un taux de succès de 94 % (affaire à suivre).

C’est loin d’être gagné

Malgré tout, les mécanismes de surveillance devraient très vite déjouer ce type de défense contre les dérives de l’identification faciale. Interrogé par Le Figaro, Daniel Bilar, spécialiste de la cybersécurité chez Visa, à New York, n’en doute pas : “Tout le monde est doté de ce qu’on pourrait appeler une empreinte physique multidimensionnelle. Le visage n’est qu’une seule de ces dimensions parmi d’autres, dont les cheveux, la silhouette, mais aussi les données liées à nos comportements, à nos trajets, à nos achats en ligne…”

Certains types de maquillage ou de coiffures excentriques permettent aussi de leurrer les systèmes d’identification. Le risque c’est que les autres humains n’y reconnaissent pas un kit subversif anti-surveillance, mais plutôt un choix esthétique douteux.