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“Des gens très bien des deux côtés” : indignation après la volte-face de Trump sur Charlottesville

“Des gens très bien des deux côtés” : indignation après la volte-face de Trump sur Charlottesville

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Par Théo Mercadier

Publié le

Revenant sur ses précédentes déclarations, le président américain a affirmé que les torts étaient partagés dans les manifestations meurtrières de Charlottesville. Aux États-Unis et dans le monde entier, l’indignation monte.

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Heather Heyer, une jeune femme de 32 ans a perdu la vie samedi 12 août, percutée de plein fouet par la voiture d’un sympathisant néonazi alors qu’elle s’opposait pacifiquement à des militants d’extrême droite. Les faits ont choqué les États-Unis et rappelé dans le sang l’inquiétante actualité des mouvements d’extrême droite tendance IIIe Reich. Une indignation largement ravivée par les déclarations honteuses de Donald Trump.

Après avoir tardé à condamner nommément les groupes suprémacistes blancs et néonazis venus pour en découdre, le président des États-Unis a finalement fini par les renvoyer dos à dos avec les contre-manifestants antiracistes, laissant penser que les torts étaient partagés. Ce qui ne devait être qu’une simple conférence de presse depuis la Trump Tower, mardi 15 août au soir, a donc vu le vernis présidentiel se fissurer : pour lui, “il y avait des gens très bien des deux côtés”.

Des “gens très bien” chez les fachos qui scandent des slogans antisémites, arborent des croix gammées tatouées sur le corps, rêvent de purification ethnique, viennent armés jusqu’aux dents à une manifestation et lancent à pleine vitesse une voiture dans une foule de manifestants pacifistes ? Non.

Et pourtant, le président des États-Unis semble penser que les deux courants opposés sont assimilables, et qu’ils partagent la responsabilité des événements de Charlottesville :

“J’ai regardé de très près, de beaucoup plus près que la plupart des gens. Vous aviez un groupe d’un côté qui était agressif. Et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent. Personne ne veut le dire […]. Que dire de l’alt-left qui a attaqué l’alt-right [littéralement gauche droite alternatives, ndlr], comme vous dites ? N’ont-ils pas une part de responsabilité ? […] J’ai condamné les néonazis. Mais tous les gens qui étaient là-bas n’étaient pas des néonazis ou des suprémacistes blancs, loin s’en faut. […] Il y avait des gens très bien des deux côtés”

Indignation générale

Pas plus tard que lundi 14 août, le même Donald Trump décrivait pourtant ces mêmes groupes violents comme des “criminels et des voyous”, laissant entrapercevoir l’espoir d’une condamnation claire et définitive de leurs agissements. Deux jours plus tard, c’est la volte-face.

Si ses propos ont consterné jusque dans son propre camp (il n’y a qu’à observer l’air dépité du nouveau chef de cabinet de la Maison-Blanche, le général Kelly, pour s’en apercevoir), d’autres s’en sont bruyamment réjouis. C’est notamment le cas de l’ex-leader du Ku Klux Klan, David Duke :

“Merci, président Trump, d’avoir eu l’honnêteté et le courage de dire la vérité au sujet de Charlottesville et d’avoir condamné les terroristes gauchistes de Black Lives Matter et des antifas.”

Quand un ancien membre du Klan vous félicite pour vos déclarations, c’est qu’il est sérieusement temps de se remettre en question.

Dans le reste de la classe politique américaine, les réactions adoptent un ton unanime : le dégoût. Y compris au sein du Part républicain, famille politique de Donald Trump. “Nous nous devons d’être clairs. Le suprémacisme blanc est répugnant. Ce sectarisme va à l’encontre de tout ce que ce pays défend. Il ne peut y avoir d’ambiguïté morale”, a ainsi tweeté Paul Ryan, chef de file des républicains au Congrès.

À l’unisson, les médias américains ont condamné les propos du président. “Ce que je viens de voir me donne le mauvais genre de frissons. Franchement, je suis secoué par ce que j’entends”, s’est alarmé le journaliste Chuck Todd sur MSNBC. “Waouh, c’est du jamais-vu”, a lâché sur CNN Jake Tapper, complètement abasourdi. Et même sur Fox News, chaîne très droitière et soutien indéfectible du président, le ton était à l’indignation :

“J’en suis encore à la phase où je me demande si cela est réellement en train de se passer. J’ai trop de maquillage pour pouvoir pleurer maintenant.”