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Ce soir, j’ai demandé à mon député de voter contre la déchéance de nationalité

Ce soir, j’ai demandé à mon député de voter contre la déchéance de nationalité

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Par Rachid Majdoub

Publié le

En trois clics et en moins d’une minute chrono, il est possible de se faire entendre avant que le gouvernement ne présente à l’Assemblée nationale, le 5 février 2016, son projet de réforme de la Constitution prévoyant d’étendre la déchéance de nationalité à des binationaux nés Français.

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Renvoyer hors de ses frontières ses enfants qui se sont retournés contre elle, et les exclure à tout jamais de la Nation, quitte à mettre en péril le pacte républicain. Entre égoïsme et manque de courage, telle est la direction envisagée par François Hollande et le gouvernement.

À partir du 5 février 2016, l’exécutif présentera à l’Assemblée son projet de réforme de la Constitution prévoyant d’étendre la déchéance de nationalité à des binationaux nés Français. Un sujet brûlant, y compris au sein de la majorité, qui a valu à Christiane Taubira de claquer la porte du ministère de la Justice.

Une mesure trompeuse

Ce texte prévoit dans un premier temps l’inscription de l’état d’urgence dans la loi fondamentale et, dans sa dernière rédaction, autorise la déchéance de nationalité – ou des droits qui lui sont attachés – pour les auteurs de crimes ou délits terroristes. Cette mesure n’est jusqu’ici autorisée seulement quand elle cible des terroristes binationaux qui auraient obtenu la nationalité française depuis moins de dix ans. Depuis les attentats du 13 novembre, il est donc question de durcir la loi et de l’étendre à tout binational vivant sur le territoire français.

Une mesure… mais surtout : une erreur. La courageuse Christiane Taubira ne s’y est pas trompée : ce texte est inacceptable dans les principes qu’il bafoue, et inefficace dans la lutte contre le terrorisme. Il va à l’encontre de la devise française censée réunir tout un peuple, par la force du symbole. La France ne saurait reconnaître deux types de citoyens, des Français jugés a priori comme moins français que d’autres.

Alors oui, parmi les terroristes qui ont endeuillé notre pays, se trouvent des hommes, des femmes, qui ont grandi en France pour un jour la quitter, appelés par l’entraînement à la terreur. Mais on rit quand on pense à la réaction potentielle d’un jihadiste binational qui se verrait destituer de la nationalité française, après avoir brûlé son passeport en arrivant à Raqqa.

Et l’on pleure, en se disant que le problème du jihadisme doit être endigué à sa source. Non, monsieur Valls, “comprendre” n’est pas excuser. C’est simplement tenter de mettre des mots sur une situation qui nous échappe, pour ensuite essayer d’agir en conséquence.

Un site mis en ligne par SOS Racisme

Ce débat autour de la déchéance de nationalité est symbolique, certes. Mais ce sont les symboles qui interpellent, unissent et désunissent le peuple.

Le peuple. Moi, vous, nous qui, à notre échelle pouvons, à défaut de décider, influer et avant cela simplement exprimer notre avis sur une question.

Face à la déchéance de nationalité, SOS Racisme nous propose, juste ici ou plus bas en cliquant sur l’image, de dire à notre député que nous refusons l’inscription de la discrimination et de la stigmatisation dans notre Constitution. Cela prend trois clics, et moins d’une minute chrono.

Un acte symbolique. Mais un acte citoyen qui peut s’avérer utile.