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De Sarkozy à Valls : le rap accusé par les politiques

De Sarkozy à Valls : le rap accusé par les politiques

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Par Tomas Statius

Publié le

Minister AMER vs. Jean Louis Debré aka. Le précurseur

Le milieu des années 90 est une période trouble pour le hip-hop français. Après la première reconnaissance massive obtenue par des titres de la décennie (1991, Bouge de là de MC Solaar notamment), le rap fait face à sa première crise et à une relative apathie créative. C’est cette torpeur que Minister AMER, groupe composé de Passi, Stomy Bugsy, Kenzy et Doc Gyneco entre autres, va exploser. Un album sorti en 1992, un autre en 1995, deux titres qui posent problème, Brigitte femme de flic et le désormais célèbre Sacrifice de Poulet.
Mais ce n’est pas pour ses compositions mais pour des déclarations dans le magazine Entrevue et sur le plateau du Ca se discute de Jean Luc Delarue. Jean Louis Debré, alors ministre de l’Intérieur, porte plainte : le groupe est condamné à 250 000 francs d’amende.
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Sarkozy aka. le récidiviste : Sniper et le procés de la Rumeur

Dans cette essai de typologie des oppositions entre hommes politiques et MCs, Nicolas Sarkozy a une place de choix, et ce pour plusieurs raisons. D’abord la récidive : une opposition face à la Rumeur mais aussi contre le groupe du Val-d’Oise Sniper. L’ancien président de la République est de ceux pour lesquels l’opposition a été bien plus qu’une simple sortie médiatique ou un procés en catimini.
Le procés de la Rumeur est le plus important qu’ait connu le rap français avec une dramaturgie lourde : défense de l’État et démonstration de ses fonction régaliennes contre la préservation de la liberté d’expression et d’une licence artistique. Huit ans d’âpres débats à propos de phrases lâchées par le groupe sur un prospectus accompagnant la sortie d’un de leur disque puis la relaxe pour Ekoué et Hamé suivi d’un grand “ouf” dans le milieu.
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Grosdidier aka. le franc-tireur

Royal aka. la redresseuse de tort vs. Orelsan

Valls aka. le néophyte rentre dans la danse

On connaissait le goût de Manuel Valls pour l’ordre et les thématiques sécuritaires. Au Sénat, répondant à une question de la sénatrice Nathalie Goulet, le ministre de l’Intérieur y allait de son commentaire sur une liberté d’expression excessive que s’octroient certains rappeurs :

Mon attention a été attirée sur un certain nombre de ‘chansons’ – si l’on peut dire – de rappeurs tels que 113, Sniper, Salif, Ministère Amer, Smala ou encore Lunatic, dont les paroles sont d’une violence absolument inouïe contre la France, ses autorités civiles et militaires, son drapeau

En cause les paroles agressives à l’égard des symboles de la République et des forces de l’ordre.

Il faut lutter contre les paroles agressives à l’encontre des autorités ou insultantes pour les forces de l’ordre et les symboles de notre République

Le ministre de l’Intérieur n’en oublie pas les outrages aux femmes et annonce un contrôle accru sur Internet via la plate forme Pharos qui les recenserait. Rappelons aimablement qu’une bonne partie des groupes cités ne sont presque plus (ou pas du tout) en activité. Un rappel à l’ordre en ce qui concerne leur activité aurait autant de sens qu’un condamnation du Marquis de Sade pour atteinte aux moeurs.