Dans ce centre aéré américain, les enfants trans et non-binaires sont libres de choisir leur identité de genre

Dans ce centre aéré américain, les enfants trans et non-binaires sont libres de choisir leur identité de genre

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© Bay Area Rainbow Day Camp/Facebook

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Un centre aéré de Californie accueille les jeunes trans et non-binaires et les encourage à explorer l’identité de genre leur convenant.

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Les enfants américains de 4 à 17 ans peuvent aller dans un centre aéré bien particulier. Situé à El Cerrito, en Californie, le Rainbow Day Camp “permet aux jeunes trans et de genre créatif de vivre en communauté de manière authentique et joyeuse”. Le centre est né en 2014, d’une histoire “de tristesse et d’amour”, alors que la fille trans de 6 ans de Sandra Collins, l’une des organisatrices, est rentrée de son centre aéré en larmes. L’établissement était réservé aux filles, et sa meilleure amie avait raconté aux autres enfants que la petite fille était née avec le corps d’un garçon, ce qui lui avait valu des remarques désobligeantes. D’où l’idée de ce centre aéré destiné en priorité aux enfants “questionnant le genre” généralement défini, qu’ils soient trans, non-binaires, d’un genre “créatif”… ou des “alliés” tolérants. Le but est de soutenir ces jeunes aux genres divers, leurs familles et leurs communautés, “afin de favoriser l’autodétermination à travers des programmes et des aides directes”.

Un “espace sûr” pour “renforcer des identités de genre positives”

Les enfants sont libres d’utiliser les pronoms qu’ils souhaitent pour se définir, et d’explorer différentes identités de genre. L’agence Associated Press rapporte ainsi que chaque matin, ils se font une étiquette avec le pronom de leur choix, que ce soit “il”, “elle”, “il/elle”, un pronom inventé ou aucun pronom du tout. Certains enfants changent ce pronom tous les jours, et parfois également leur prénom, pour voir ce qui leur convient le mieux. Des psychothérapeutes spécialisés dans le genre sont d’ailleurs disponibles matin et soir pour échanger avec les parents, et faire en sorte que tout se passe au mieux pour les familles.

Les enfants sont divisés en deux groupes selon leur âge : les 4-12 ans font des activités basées sur le jeu “pour renforcer des identités de genre positives en compagnie de leurs pairs”, tandis que les 13-17 ans travaillent sur l’aspect social et le groupe, tout en ayant également des activités ludiques. Les organisatrices du camp expliquent en effet :

“La recherche a montré que les activités créatives basées sur le jeu, comme l’art, les autoportraits et les autobiographies sont essentielles pour aider les enfants à développer leur conception de soi par rapport à la société. Parfois ces histoires sont joyeuses, parfois elles sont tristes, parfois elles sont incertaines et en cours d’évolution. Il y a un espace sûr pour chacune de ces histoires qui font partie de l’histoire collective du ‘moi dans le nous’ de chaque individu au sein du parcours de genre collectif de nos enfants au Bay Area Rainbow Day Camp.”

Le centre se compose ainsi d’espaces extérieurs, de salles de musique et d’art ainsi que de toilettes neutres. Tout est fait pour célébrer la diversité des genres et l’inclusion et, de toute évidence, le Rainbow Day Camp est grandement apprécié : le nombre d’enfants inscrits ne cesse de grandir, puisqu’ils sont une soixantaine cet été — soit trois fois plus que lors de la première édition.

Un concept réussi et inspirant

Comme le précise Associated Press, il s’agit du premier centre aéré de ce genre ouvert aux enfants de maternelle, et cela donne des idées à d’autres personnes : une branche devrait être inaugurée l’été prochain dans le Colorado, et des parents et organisations originaires d’Atlanta, de Seattle ou encore de Louisiane ont contacté le centre pour développer des programmes similaires chez eux.

“Il y a dix ans, ce camp n’aurait jamais existé”, explique Sandra Collins, soulignant le progrès qu’il représente : “À terme, je pense vraiment qu’il n’aura plus rien de bien novateur.” Il faut l’espérer. Scarlett, sa fille trans aujourd’hui âgée de neuf ans, confie ainsi à l’Associated Press avoir trouvé un endroit où elle peut être elle-même en toute liberté : “Je me sens à l’aise pour être qui je suis et qui je veux être”, a-t-elle expliqué. Voilà qui n’est pas un luxe au vu des discriminations à l’égard des Américains trans depuis que Donald Trump est au pouvoir. Le président des États-Unis a notamment relancé la “guerre des toilettes” et interdit l’armée aux personnes trans.