Un juge antiterroriste estime que Facebook et Twitter sont complices de Daech

Un juge antiterroriste estime que Facebook et Twitter sont complices de Daech

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Par Salomé Vincendon

Publié le

Twitter et Facebook complices de la propagande de Daech ? David Bénichou, juge d’instruction au pôle antiterroriste, invité ce 25 juillet sur France Inter, a tenu à rappeler que la justice et les renseignements n’étaient pas les seuls à pouvoir agir contre l’organisation terroriste.

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Après l’attentat du 14-Juillet Nice et les critiques concernant la sécurité qui en ont découlé, David Bénichou, vice-président en charge du pôle antiterroriste au tribunal de Paris, a rappelé dans le 6/9 de France Inter qu’aujourd’hui, “personne n’est capable de garantir à 100 % que rien ne se produira, c’est absolument impossible“, avant d’ajouter : “On fait un gros travail, alors c’est un problème éminemment complexe, parce que ça suppose de s’adapter en temps réel à un phénomène qui se déroule en direct.” Le juge d’instruction a notamment souligné le rôle des réseaux sociaux, terreau de recrutement fertile pour l’organisation terroriste État islamique (EI).

Il rappelle qu’on “a mis entre les mains des organisations terroristes des outils de propagande formidables“, citant en exemple des smartphones sur lesquels on retrouve systématiquement YouTube, Twitter et Facebook. Le groupe terroriste a investi ces plateformes sur lesquelles il fait passer ses messages et recrute ses prochains soldats. Le drame est que presque rien n’est fait pour stopper cela : “Est-ce qu’on tolérerait, par exemple à la sortie du métro en France, que l’on ait la revue de Daech ? Non, on ne l’accepterait pas. On l’accepte sur Internet“, argue David Bénichou. Il remet alors en perspective l’attitude de Facebook, qui supprime allègrement des comptes où sont postées des images de personnes dénudées, mais trouve compliqué d’éradiquer ceux qui font l’apologie du terrorisme.

Cinq minutes sur Internet suffisent à “défaire une heure de déradicalisation”

Face à ces plateformes, l’État, malgré tous les programmes de déradicalisation en cours, reste impuissant : “Si vous faites une heure de travail de déradicalisation et qu’il suffit de cinq minutes sur Internet pour défaire cela, ça ne sert à rien“, rappelle David Bénichou. Cette diffusion massive des idées de Daech est un problème primordial, d’autant que la radicalisation islamiste se fait rapidement, chez des personnes qui “sont capables presque du jour au lendemain de tout laisser tomber pour s’enrôler dans une organisation terroriste“, sans parler de ceux qui partent en famille en Syrie. Il rappelle également que la majorité des dossiers qu’il traite sur le terrorisme concerne plus de convertis à l’islam que de “musulmans d’origine“.

Face à cette nouvelle façon de fonctionner, David Bénichou soutient que “cette forme de terrorisme nous oblige à repenser notre mode d’organisation“. Lui pense par exemple à une meilleure communication entre les différents services chargés de surveiller et d’appréhender les probables terroristes, “un continuum de l’information” entre le renseignement et le judiciaire qui pourrait, qui sait, accélérer les enquêtes en cours.