Abattoir du Vigan : jusqu’à un an de prison avec sursis requis pour cruauté envers les animaux

Abattoir du Vigan : jusqu’à un an de prison avec sursis requis pour cruauté envers les animaux

photo de profil

Par Jeanne Pouget

Publié le

Le procès, inédit en France, pour cruauté envers des animaux de rente dans l’abattoir français du Vigan s’est ouvert jeudi 23 mars.  

À voir aussi sur Konbini

C’était une première en France : jeudi 23 et vendredi 24 mars, le tribunal de grande instance d’Alès a accueilli le procès de l’abattoir du Vigan, épinglé il y a un an dans une vidéo de l’association L214  pour des faits de cruauté envers les animaux. Le procureur de la République d’Alès (Gard), qui avait relevé en tout 31 infractions, a établi un réquisitoire à l’encontre de trois employés et de la communauté de communes gestionnaire de l’abattoir.

La plus lourde sanction est requise contre Marc S. Ce fils d’éleveur, âgé de 24 ans et identifié dans la vidéo comme auteur d’actes de violence gratuite sur plusieurs animaux, risque un an de prison avec sursis et 3 400 euros d’amende ainsi qu’une interdiction de travailler dans un abattoir pendant cinq ans et de détenir des animaux de rente. Les deux autres employés concernés, Nicolas G. et Gilles E., seront passibles d’amendes de 600 et 150 euros. La communauté de communes du pays viganais, gestionnaire de l’abattoir, pourrait, elle, être condamnée à verser la somme de 6 000 euros.

La mauvaise foi des avocats de la défense

Sur les images tournées en caméra cachée par l’association de défense des animaux L214, on peut voir Marc S. jeter par exemple des moutons par-dessus les barrières ou porter des coups de pince électrique sur le museau d’une brebis en riant. Le jeune homme – licencié depuis – était pourtant titulaire du statut de responsable de protection animale, reconnu par une formation et un certificat. Des sévices gratuits “à caractère sadique” pour le procureur d’Alès Nicolas Hennebelle.

De leur côté, les avocats du salarié ont rejeté en bloc ces accusations, comme le détaille Le Monde qui s’est rendu au procès. Préférant excuser le prévenu en arguant que “faire rire un collègue n’est pas un acte de cruauté” ou encore en mettant en cause l’importance même d’un procès qui se soucie, selon eux, un peu trop des animaux : “Avec deux jours d’audience, le tribunal est davantage mobilisé que pour des maltraitances [s]ur enfants ou de la pédopornographie.” Ou en jouant la carte de la difficulté sociale, pour trouver des circonstances atténuantes à l’accusé, faisant implicitement la comparaison avec nos élites : “Il est entré à l’abattoir en apprentissage à 15 ans, quand il n’était qu’un gamin […] À cet âge, quand certains obtiennent des CDD d’assistants parlementaires, il commence un CAP comme boucher.”

Quant à l’avocat de la communauté de communes responsable de l’établissement, elle aussi sur le banc des accusés, il a rejeté la faute sur les employés et… sur l’association de défense des animaux L214, accusée de corporatisme : “Le vrai but de L214, ce n’est pas de dénoncer certaines infractions, mais de faire changer le mode d’alimentation des Français.” Une attaque corroborée par l’avocat de l’un des employés pour qui les végans, cette “nouvelle génération d’êtres humains”, souhaiteraient “éradiquer la filière” de la viande. Visiblement, ces arguments n’auront pas convaincu le procureur de la République. Le jugement est attendu le 28 avril à 9 heures.