Cosmétiques : les femmes de couleur sont exposées à plus de produits toxiques

Cosmétiques : les femmes de couleur sont exposées à plus de produits toxiques

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Par Alexandra Phanor-Faury

Publié le

Une étude tire la sonnette d’alarme sur les conséquences de l’utilisation de produits cosmétiques, particulièrement pour les femmes de couleur.

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Pour les femmes de couleur, la pression de se conformer aux standards de beauté occidentaux peut avoir de vraies répercussions psychologiques. Une étude publiée par l’American Journal of Obstetrics and Gynecology révèle désormais que ces femmes mettent aussi leur système reproductif en danger en essayant d’atteindre ces standards. L’étude confirme le constat déjà réalisé par l’ONG écologiste Environmental Working Group en 2016, selon lequel les produits de beauté vendus aux femmes de couleur sont particulièrement dangereux pour leur santé.

Selon la nouvelle étude, réalisée par des chercheurs de l’Occidental College et de la George Washington University, les taux de produits toxiques contenus dans les cosmétiques pour les femmes de couleur sont plus élevés que dans ceux pour les femmes blanches. Ami Zota, l’une des auteures de l’étude indique :

“La pression de se conformer aux standards de beauté occidentaux pousse les Afro-Américaines, les Latinas et les Asiatiques des États-Unis à utiliser plus de produits de beauté et donc à être exposées à des taux plus élevés de produits chimiques connus pour être nocifs pour la santé.

Les produits de beauté sont sources de problèmes graves et sous-estimés sur le système reproductif. C’est une véritable injustice environnementale.”

Les crèmes éclaircissantes contiennent notamment des ingrédients cachés, comme des dermocorticoïdes ou du mercure, et les produits destinés à lisser les cheveux contiennent parfois de l’œstrogène. Ces derniers “peuvent déclencher un développement prématuré du système reproductif chez les jeunes filles ou des tumeurs utérines”, préviennent les scientifiques.

Une industrie très mal encadrée

Les chercheurs affirment que ces substances sont particulièrement dangereuses pour les femmes entre 18 et 34 ans, qui sont de grandes consommatrices de produits de beauté, avec une moyenne supérieure à dix achats par an. Ces femmes et leurs enfants peuvent développer une plus grande sensibilité à ces produits, particulièrement s’ils sont utilisés pendant une grossesse. L’étude avertit donc le corps médical sur le fait que les femmes de couleurs peuvent potentiellement avoir plus de produits chimiques dans leur organisme, et l’appelle à éduquer les patientes sur ce sujet.

Aux États-Unis, la mise en vente de médicaments est régulée de manière stricte, mais ce n’est pas le cas des cosmétiques. Les entreprises qui les produisent ne sont pas contraintes d’obtenir de certifications ou d’autorisations avant qu’un produit arrive sur le marché. Contrairement aux entreprises pharmaceutiques, elles sont donc libres d’utiliser les substances de leur choix dans la composition de leurs produits. De notre côté de l’Atlantique, les membres de l’Union européenne se sont accordés sur une définition des perturbateurs endocriniens au début de l’été. Critiqué par les écologistes, le texte est très peu contraignant pour tous les secteurs qui exposent la population à ces substances nocives via leurs produits.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet