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Corée du Sud : fermeture du plus grand marché de viande de chien

Corée du Sud : fermeture du plus grand marché de viande de chien

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Ce petit chien ne finira pas dans une assiette (© Nikasucha / Pixabay)

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Par Théo Mercadier

Publié le

Le marché de Moran, critiqué de toutes parts pour ses pratiques inhumaines, devrait cesser toute vente de viande de chien d’ici le mois de mai 2017. Mais le combat est loin d’être terminé au niveau national.

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“La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière avec laquelle elle traite les animaux”. En citant Gandhi, le maire de la ville de Seongnam, Lee Jae-myung, a tourné une page honteuse de l’histoire de sa ville. Depuis les années 1960, le marché de Moran fait commerce de toute sortes de choses, mais surtout de la viande de chien : 80 000 chiens y sont vendus chaque année, morts ou vivants, ce qui en fait le premier marché fournisseur de cette viande en Corée du Sud.

La cruauté de leur mise à mort (électrocution, pendaison) ainsi que leurs conditions de vie déplorables (entassés dans des cages) attisent depuis longtemps la grogne des associations de défense des animaux. La KAWA (Korean animal welfare association) s’est ainsi réjouie de ce “grand pas en faveur d’un changement de l’industrie de la viande de chien. Mais nous allons constamment devoir surveiller que ces pratiques cessent pour de vrai“.

Les 22 principaux commerçants du marché de Moran vont donc devoir démonter leurs cages et leurs abattoirs avant le mois de mai 2017, et une aide financière de la mairie les aidera à se reconvertir dans d’autres secteurs d’activité. Cette interdiction fait suite à de nombreuses plaintes, notamment des habitants du quartier, importunés par le bruit et les odeurs générées par ce trafic.

À travers la Corée du Sud, de nombreux citoyens et touristes ont régulièrement critiqué ces pratiques inhumaines, par ailleurs répandue dans d’autres pays asiatiques : au mois de juin, les associations s’étaient ainsi émues du “festival de la viande de chien” organisé en Chine, à Yulin. Le chemin à parcourir est donc encore long.

L’approche des Jeux olympiques

Car cette décision ne concerne que la ville de Seongnam, et rien n’indique que le commerce de viande de chien ne continuera pas à prospérer dans le reste de la Corée. La loi coréenne entretient une zone grise sur cette question, puisqu’elle considère les chiens à la fois comme un produit destiné à l’alimentation, mais aussi comme un animal impropre à la consommation. Un flou juridique qui favorise le développement de ce commerce, mais sur lequel le maire de Seongnam a donc décidé de trancher.

De nombreux médias pointent par ailleurs les intérêts diverses qui ont pu peser sur cette interdiction. “Nous espérons que cette mesure puisse restaurer positivement l’image de notre ville“, a ainsi insisté le maire lors d’une conférence de presse, et qui laisse penser que cette mesure est plus diplomatique qu’autre chose. Car la Corée doit accueillir les Jeux olympiques d’hiver en 2018, un événement qui incite généralement les pays organisateurs à masquer leurs pratiques culturelles les plus controversées.