Au fait, voilà comment marchent les algorithmes d’Instagram

Au fait, voilà comment marchent les algorithmes d’Instagram

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Il est temps de casser les mythes sur le stalking et le “shadow banning”.

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Beaucoup de mythes et de fantasmes circulent sur les algorithmes du “feed” d’Instagram. Est-ce que les gens qui font des stories sont favorisés ? Est-ce que ceux qui postent trop sont pénalisés ?

Avant juillet 2016, c’était clair et simple : les publications apparaissaient par ordre antéchronologique, point barre. Mais on s’est rendu compte, chez Instagram, que l’utilisateur décrochait. D’où le grand remaniement algorithmique.

Début juin, les choses ont été clarifiées. Instagram avait convoqué des journalistes de la presse tech américaine pour mettre quelques points sur les “i”. Nous reprenons ici l’utile synthèse de TechCrunch. En fin d’article, nous parlons d’un tout autre fantasme : sommes-nous stalkés ?

Six critères sont pris en compte, trois majeurs, trois mineurs :

  • L’intérêt : Instagram met en avant des contenus susceptibles de retenir toute votre attention. Pour cela, il se fonde (1) sur votre comportement passé sur l’appli et (2) sur la reconnaissance d’images pour trouver du contenu similaire à vos goûts.
  • La nouveauté : sans surprise, les posts récents sont favorisés par rapport aux plus anciens.
  • La proximité : vous verrez plus de contenus postés par des personnes avec qui vous avez interagi, dans les commentaires ou les tags de photos.

Variables moins importantes :

  • La fréquence : moins vous ouvrez Instagram, plus l’appli vous propose les “best posts” (pas de définition claire là-dessus, même s’il s’agit probablement des plus likés et commentés).
  • Règle quasi similaire avec l’usage : moins vous restez longtemps, plus vous voyez des best posts.
  • La diversité : si vous suivez beaucoup de personnes, Instagram essaiera de vous montrer un peu de contenu de chacune d’entre elles.

Instagram a profité de l’occasion pour déconstruire les mythes les plus courants :

  • Aucun post n’est masqué. À force de scroller, ils apparaîtront.
  • De manière générale, ni la photo ni la vidéo ne sont privilégiées. Vous voyez ce que vous aimez le plus.
  • Les utilisateurs aguerris mordus de live et de stories ne sont pas favorisés.
  • Ceux qui postent beaucoup ne sont pas pénalisés.
  • Pour répondre à la plus répandue des rumeurs : il n’y aurait pas de “shadow banning”, une main invisible qui mettrait des utilisateurs dans l’ombre, pour plein de raisons possibles, notamment parce qu’ils utiliseraient trop de hashtags, pratique pouvant s’apparenter à du spam.
  • Pour le moment, le retour au feed antéchronologique n’est pas prévu.

Une remarque : à l’heure où l’on parle de plus en plus de déconnexion ou même d’addiction aux écrans, il est intéressant de constater qu’Instagram cherche encore, sans s’en cacher, à retenir ses utilisateurs le plus longtemps possible.

Les chiffres suivants ont été fournis : avant juillet 2016, les utilisateurs loupaient 70 % de l’ensemble de tous les posts, et 50 % de ceux de leurs amis. Avec le changement, ils en verraient maintenant 90 %.

Oui, l’expérience est peut-être de meilleure qualité et permet de “rapprocher les communautés” si chères à Mark Zuckerberg (Instagram appartient à Facebook). Mais l’entreprise reconnaît aussi que les utilisateurs passent plus de temps qu’avant…

Une autre thématique qui, en ce moment, interroge beaucoup d’utilisateurs : le stalking (attention, beaucoup de mots anglais dans ce passage). Lorsqu’une personne poste une story, elle obtient, en retour, la liste de tous ceux qui ont regardé sa vidéo, les “viewers”. Grande question : est-ce que les “viewers” qui apparaissent en haut de la liste sont ceux qui stalkent le plus ?

The Verge a récemment posé la question à un chef de produit d’Instagram : la réponse est non. Les viewers qui apparaissent en tête de liste sont ceux avec qui le “story-maker” (appelons-le comme ça, c’est plus simple) possède le plus d’interactions, soit sur Instagram, soit sur Facebook.

En revanche, si le story-maker adopte un comportement obsessionnel et qu’il rafraîchit souvent sa liste de viewers, il pourra voir apparaître en tête de peloton de nouveaux utilisateurs, et ce parce qu’Instagram cherche toujours à provoquer de “nouvelles expériences”.