Chômage des jeunes : la grossière erreur de François Hollande

Chômage des jeunes : la grossière erreur de François Hollande

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Par Louis Lepron

Publié le

“Le taux de chômage en France est dans la moyenne européenne et celui des jeunes sous la moyenne européenne.”

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Pour le président de la République française, la manière de défendre son bilan est de notifier que le chômage des jeunes en France peut être minimisé en le comparant à celui d’autres nations européennes. D’une. De deux, il se plante. Quand on connaît un peu ses chiffres sur un sujet aussi décisif, on ne déclare pas que la France est dans la “moyenne”. Et c’est ce qu’a souligné, dans la foulée, la journaliste Léa Salamé au président. Non, le chômage des jeunes en France ne peut être comparé à celui de ses voisins européens. Pourquoi ?
Parce que 24,6 % de chômage chez les moins de 25 ans français, c’est cinq points de plus que 19,4 %, soit la moyenne dans l’Union européenne selon Eurostat. On n’est pas dans l’écart, mais dans un sacré fossé. Un fossé comparable à celui qui s’est formé entre François Hollande et la jeunesse française depuis son arrivée au pouvoir en 2012.
Car celle-ci voit dans ces chiffres l’incarnation d’une triste vérité : celle qu’il n’y a pas beaucoup d’avenir en France lorsqu’on est un jeune à la recherche d’un emploi. Si l’on regarde le taux de chômage global en France, seul 1,3 point sépare la France de la moyenne européenne. Ajoutons à ces chiffres une autre donnée : selon le cabinet Deloitte, en 2013, 27 % des jeunes diplômés veulent travailler en dehors de leur pays, contre 12 % en 2012.

“La jeunesse n’est jamais satisfaite, et c’est normal”

François Hollande a tenté  en fin d’émission, comme le souligne Le Monde, de revenir sur son erreur :

“Nous avons une population active beaucoup plus jeune [que nos voisins].”

Le petit problème, c’est qu’un taux de chômage est un pourcentage, et non une valeur absolue. Le président est aussi revenu sur la loi Travail, qui ne sera “pas retirée, mais qu’il y ait des corrections, qu’il y ait des discussions avec les organisations syndicales – en tout cas celles qui maintenant comprennent le sens et même appuient cette réforme –, oui”.
Aussi, en référence à la mobilisation contre la loi et au mouvement Nuit debout, François Hollande a trouvé “légitime que la jeunesse par rapport au monde tel qu’il est, par rapport à la politique qu’elle est, veuille s’exprimer, prendre la parole.” Il a ensuite ajouté : “Je ne vais pas me plaindre qu’il y ait une partie de la jeunesse qui veuille inventer le monde de demain. La jeunesse n’est jamais satisfaite, et c’est normal”. C’est toujours bien de le répéter.
Et de conclure, toujours à propos de la “jeunesse” :

“Je ne renie rien de ce que j’ai dit au Bourget. Je serai jugé sur la place accordée à la jeunesse. Et donc sur cette exigence que la jeunesse a de vivre mieux que la génération précédente.”

Le 22 janvier 2012, au Bourget, à trois mois de l’élection présidentielle, François Hollande avait évoqué une jeunesse “trahie”, “sacrifiée, abandonnée, reléguée”, précisant : “C’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France.”