La Chine construit une usine de clonage animal géante

La Chine construit une usine de clonage animal géante

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Par Thibault Prévost

Publié le

Une usine de clonage animal va ouvrir en 2016 en Chine, à Tianjin, avec l’ambition de cloner un million de vaches par an pour l’industrie alimentaire.

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L’entreprise chinoise de biotechnologie Boyalife s’apprête à construire, pour environ 30 millions d’euros, la “plus grande usine de clonage au monde” pour “produire” du bétail, des animaux domestiques, certains animaux “spécialisés” tels que les chiens policiers ou les chevaux de course, et sauver certaines espèces menacées d’extinction – et probablement pas par simple philanthropie. Si les travaux se terminent comme prévu, indique l’agence de presse officielle Xinhua reprise par le Guardian, la production devrait démarrer l’an prochain.

Le site de 14 000 mètres carrés, qui en plus de la chaîne de production aura sa banque de gènes, son centre d’exposition et sa galerie d’animaux clonés, débutera son activité par la production de vaches japonaises en série avec l’intention de faire baisser le prix du bœuf en Chine. Objectif de l’entreprise : produire 100 000 animaux dans un premier temps avant, à terme, d’augmenter la cadence pour produire un million de spécimens par an, soit 5% du bétail abattu. En Chine, la consommation de viande a quadruplé depuis les années 70, rendant le pays extrêmement dépendant de ses importations.

En Europe, la viande clonée est interdite, mais…

Si la Chine va donc avoir massivement recours au clonage pour satisfaire l’immense demande en viande de ses citoyens, elle n’est pas la seule à le faire : aux Etats-Unis, en Argentine, au Canada, au Brésil et en Nouvelle-Zélande, le bœuf cloné est déjà commercialisé avec l’accord des autorités de santé nationales. En Europe, en revanche, hors de question de laisser entrer la viande clonée dans les rayons des boucheries.

Le 8 septembre, le Parlement européen a adopté une loi interdisant le clonage d’animaux à des fins d’élevage et d’alimentation dans l’Union européenne mais aussi l’importation des produits qui en sont issus, tels que le lait, la viande ou les œufs. Les pays non-européens devront également garantir que les produits qu’ils exportent ne sont pas issus de clones. Une mesure nécessaire pour identifier la part de viande clonée, pour le moment inquantifiable, dans les 300 000 tonnes importées annuellement par l’UE.

Cloner son chien, un service à 100 000$

L’ouverture de cette usine géante n’est que la plus récente tentative de la Chine de dominer le marché du clonage, déjà en place “depuis une quinzaine d’années”, comme l’indique le South China Morning Post. En 2014, la première entreprise de clonage animal commercial, BGI, ouvrait ses portes à Shenzhen, faisant entrer le clonage dans l’ère industrielle. Chaque année, 500 cochons clonés sortent du site avant d’être vendus à des laboratoires de recherche pour tester de nouveaux traitements médicaux.

Dans le reste du monde, d’autres sociétés proposent également un service de clonage individuel digne des meilleurs romans d’anticipation. Votre chien se fait vieux et commence à sentir le sapin ? Pas de problème ! Moyennant 100 000 dollars,  quelques poils du bestiau et un voyage dans les locaux de Sooam Biotech à Séoul, vous pouvez obtenir une copie parfaite de votre animal en quelques mois.

En septembre 2014, Sooam et Boyalife se sont associées pour cloner avec succès trois mastiffs tibétains, alors considéré comme le chien le plus cher au monde. Une initiative à valeur de répétition générale avant l’ouverture de cette usine géante, fruit d’un nouveau partenariat entre les deux entreprises. Prochaine étape ? Cloner un panda géant, assure l’entreprise. Ça tombe bien, le gouvernement chinois a prévu le coup : inquiet pour la survie de l’animal, qui compte parmi les espèces les plus menacées au monde, il stocke ses gènes depuis 2004.