Cette “machine à hallucination” en VR peut vous faire triper sans drogue

Cette “machine à hallucination” en VR peut vous faire triper sans drogue

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Par Thibault Prévost

Publié le

En tirant profit de la réalité virtuelle et des paysages psychédéliques créés par le réseau neuronal DeepDream de Google, des chercheurs anglais ont imaginé une “machine à halluciner”.

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Dans un futur proche, espérons-le, l’exploration de nouveaux états de conscience à but récréatif (en d’autres termes, la défonce) s’effectuera libre de tous risques pour la santé et de tous effets secondaires (allant généralement de la simple gueule de bois à l’affreuse descente, en passant par l’addiction, la dépression et tout ce qui compose le quotidien merdique d’un junkie), qui ne seront plus qu’un mauvais souvenir.

À vrai dire, le simple fait de consommer des substances psychotropes appartiendra même peut-être au passé. Oui, dans les décennies à venir, la foncedé sera virtuelle ou ne sera pas. Depuis le lancement des premiers devkits de l’Oculus Rift, plusieurs équipes à travers le monde ont commencé à plancher sur des simulations hallucinogènes en réalité virtuelle, tant pour faire avancer la science que pour développer un nouveau passe-temps sans danger pour la santé.

Mais aucune de ces équipes n’est allée aussi loin que celle du centre Sackler pour la science de la conscience, de l’université du Sussex au Royaume-Uni : dans une étude publiée le 22 novembre dans Nature et relayée le 27 novembre par le Daily Dot, les chercheurs décrivent la construction, la mise en place et les résultats d’une “machine à halluciner”, capable de générer des états altérés de conscience (ACS) sans aucun coup de pouce pharmacologique. Une machine à triper, en somme. Le futur n’est-il pas merveilleux ?

Comprendre les mécanismes de l’hallucination

OK, OK, je vous vois venir. Cette formidable invention est-elle accessible au public ? Non, pas pour le moment. Comment est-ce que cela fonctionne ? Bonne question. À la base du système, on retrouve ce bon vieux DeepDream, le réseau neuronal de Google, dont le passe-temps favori consiste à imaginer des paysages psychédéliques à 360 degrés. Pour créer l’hallucination, il suffit de projeter ces paysages dans un casque VR équipé d’un dispositif de tracking.

De cette manière, le sujet peut se déplacer dans les paysages vidéo créés par DeepDream et éprouver tous les symptômes de l’hallucination de manière immersive, un résultat impossible à reproduire à l’aide de simples effets spéciaux numériques, précisent les chercheurs. Une fois la machine élaborée, les sujets-tests ont été chargés d’évaluer l’expérience via un questionnaire.

Conclusion : la machine reproduirait à peu près les sensations d’un trip de psilocybine, le composé actif des champignons hallucinogènes, toutefois sans les habituelles “distorsions temporelles” provoquées par les substances psychotropes. Évidemment, aucun symptôme de descente n’a été constaté.

Au-delà des enjeux récréatifs, cette “machine à halluciner” sert évidemment une ambition toute scientifique : étudier les mécanismes cérébraux qui régissent l’hallucination, analyser comment et pourquoi se forment ces distorsions dans notre perception sous l’effet d’une substance, d’un choc émotionnel ou d’une psychose, ne serait-ce que pour mieux comprendre comment fonctionne notre perception “normale” de la réalité.

L’avantage d’utiliser un réseau neuronal comme DeepDream pour induire les distorsions visuelles, c’est que l’outil est entièrement paramétrable : à l’avenir, les chercheurs pourront donc ajuster à loisir les niveaux d’abstraction, de puissance ou de catégories des motifs hallucinogènes, voire laisser les sujets paramétrer eux-mêmes la machine afin d’obtenir l’expérience désirée. Une sorte d’hallu à la carte, finalement, qui préfigure un avenir où recherche scientifique et voyages récréatifs aux confins de la conscience avanceraient main dans la main sur le chemin de la réalité virtuelle. Le futur est merveilleux.