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Cette année, la surveillance gouvernementale sur Facebook a augmenté de 27 %

Cette année, la surveillance gouvernementale sur Facebook a augmenté de 27 %

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Par Thibault Prévost

Publié le

Selon le rapport de transparence annuel de Facebook, les demandes gouvernementales d’accès aux données des utilisateurs ont augmenté de 27 % en un an.

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Au printemps 2016, lors de la publication du dernier rapport Facebook sur les requêtes gouvernementales, on apprenait que la France était “championne de la censure”, avec plus de 38 000 demandes de suppression d’images — ce qui n’était qu’à moitié vrai, puisque 32 000 d’entre elles concernaient… la même photo, prise à l’intérieur du Bataclan. La publication du dernier rapport de transparence, le 22 décembre, portant sur la période de janvier à juin 2016, confirme en revanche une tendance bien moins sujette au doute : cette année, dans le monde entier, les requêtes gouvernementales de consultation des données d’utilisateurs ont augmenté de 27 % par rapport au dernier semestre. Dans plus de la moitié des cas, cette requête était accompagnée d’une interdiction d’en informer l’utilisateur concerné.

Durant le premier semestre de 2016, Facebook a ainsi reçu 59 229 requêtes, contre 46 170 lors du second semestre de 2015. La moitié d’entre elles (23 854) proviennent des forces de l’ordre américaines. Facebook affirme s’être exécuté dans 80 % des cas, et avoir reçu pour 56 % des demandes une obligation de ne pas avertir l’utilisateur concerné. Du côté des demandes de suppression de contenu en revanche, la baisse est spectaculaire : 83 % de diminution par rapport au semestre précédent… sachant que celui-ci incluait les attentats de Paris, après lesquels le gouvernement français a fait exploser le nombre de demandes de suppression au nom du respect de la dignité humaine.

4 000 utilisateurs français ciblés

Le gouvernement français, précise Facebook dans son rapport, a quant à lui émis  3 763 requêtes concernant 4 045 utilisateurs ou comptes. C’est 25 % de plus qu’au semestre précédent, où “seulement” 2 894 comptes avaient été visés. Si, au semestre dernier, Facebook indiquait s’être exécuté dans 54 % des cas, il a accepté 59 % des requêtes du gouvernement ce semestre. Côté restriction de contenu, la France a émis 2 213 demandes, dont 1 234 étaient liées à la même image des attentats du 13 novembre, toujours en ligne. Le reste, développe Facebook, est lié au négationnisme de l’Holocauste.

Avec ce rapport, Facebook introduit également une nouvelle catégorie d’informations en recensant les fois où des gouvernements lui ont demandé de conserver les informations de comptes utilisateurs — alors même que ceux-ci auraient souhaité les supprimer — jusqu’à 90 jours après leur suppression. Une “requête de préservation” bien pratique alors que la conservation des données vient d’être interdite par la juridiction européenne, que la France, dont Vice rappelait qu’elle avait espionné activement 20 000 personnes cette année, a utilisé sur 445 utilisateurs au cours des six derniers mois. Durant le premier semestre de 2016, 67 000 utilisateurs ont été ciblés par cette requête de préservation.

Au vu des chiffres dévoilés par la plateforme, il n’y a aucun doute : des gouvernements du monde entier ont désormais pris l’habitude d’utiliser les réseaux sociaux comme une source d’information discrète et précise, particulièrement dans les cas de dirigeants autoritaires ou de régimes d’exception sécuritaire. Comme le ministère de l’Intérieur turc, qui révélait le 24 décembre la mise sous surveillance de plus de 10 000 utilisateurs de réseaux sociaux suspectés de faire la propagande du terrorisme.