Ces Américains attribuent la montée des eaux… à une prophétie biblique

Ces Américains attribuent la montée des eaux… à une prophétie biblique

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Avec la disparition de plus de 60 % de leurs terres, les habitants de la ville de Tangier dans l’État de Virginie pourraient devenir les premiers réfugiés climatiques des États-Unis. Mais ils préfèrent attribuer la montée des eaux au récit de la Bible.

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Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cette maxime s’applique particulièrement aux habitants de la ville de Tangier, située sur l’île du même nom, en Virginie (au nord-est des États-Unis). Avec 60 % de leurs terres déjà englouties par les eaux, ces habitants – qui vivent majoritairement de la pêche et du tourisme – seront probablement les premiers réfugiés climatiques du continent nord-américain.

Sauf que – comme l’explique le reportage de Channel 4 News ci-dessus –, 87 % d’entre eux ont voté pour le candidat républicain Donald Trump, et affichent résolument la même position climatosceptique que lui. Témoins malheureux mais privilégiés du réchauffement climatique et de ses conséquences objectives, comme la hausse du niveau des mers, ils préfèrent voir dans ce scénario la réalisation d’une prophétie biblique. Florilège.

“C’est biblique !”

Selon les scientifiques, Tangier devra être abandonnée d’ici à cinquante ans. Suite à une météo peu clémente qui accélère l’érosion ainsi que la hausse du niveau de la mer, l’île a déjà à moitié disparu. Un changement rapide et brutal, que les habitants constatent d’année en année. “Toute cette zone a disparu l’année dernière”, explique un résident, pointant du doigt une croix baignant dans l’eau à quelques dizaines de mètres du bord. “Vous avez planté une croix ici l’année dernière et tout ça était de la terre, tout autour ?”, demande le journaliste à l’homme, qui acquiesce.

Or, pour la majorité de ces habitants, la hausse du niveau des mers n’existe pas… À commencer par le maire de Tangier, qui affirme dur comme fer “ne pas voir de différence du niveau de la mer entre l’époque où [il] était enfant et maintenant”. Alors comment explique-t-il que la terre disparaisse chaque année un peu plus sous les eaux ? “C’est l’action naturelle des vagues causée par le vent,” diagnostique-t-il, sûr de lui.

Une analyse climatosceptique qui lui a valu tout le soutien de Donald Trump, auquel il a demandé des fonds pour la construction d’un mur face à l’île destiné à faire cesser le phénomène. Une solution applaudie par les résidents “même si les fonds proviennent de l’État islamique”, dénonce l’un d’entre eux, visiblement pressé de voir la construction du mur arriver.

Quant aux arguments scientifiques, ils ne trouvent pas écho à Tangier, puisque “les scientifiques disent aussi que nous descendons du singe”, souligne un pêcheur. Vade retro, le darwinisme ! La montée des eaux est “biblique”, renchérit un autre. D’ailleurs, pas de raison de s’inquiéter, selon une dévote résidente : “Je pense que [Dieu] souhaite que nous survivions.” Circulez, y’a rien à voir (mais dépêchez-vous de nous construire un mur en béton pour stopper l’océan Atlantique quand même, hein !).