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Brésil : un général évoque publiquement la possibilité d’un coup d’État

Brésil : un général évoque publiquement la possibilité d’un coup d’État

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Par Cyrielle Bedu

Publié le

Près de cinquante-trois ans après le coup d’État qui fit basculer le Brésil dans la dictature, un cadre de l’armée brésilienne a ouvertement menacé son pays d’une intervention militaire lors d’une allocution publique.

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C’était le 15 septembre dernier, à l’occasion d’une réunion organisée par la loge maçonnique du Grand Orient, à Brasilia. Antonio Hamilton Martins Mourao, général connu de l’armée brésilienne déclarait ceci sans ciller :

“Si les institutions ne résolvent pas le problème politique par l’action judiciaire, en chassant de la vie publique tous les gens impliqués dans des délits, alors, c’est nous [les militaires, ndlr] qui le ferons.”

Et le militaire n’a pas été recadré par sa hiérarchie après avoir tenu ses propos. Pire, il indiquait d’emblée dans son discours que “tous les camarades du haut commandement [étaient] d’accord avec [lui]”. Ambiance.

On ne peut pas s’y tromper : c’est bel et bien à un coup d’État que faisait référence le général dans son allocution. La Constitution brésilienne de 1988 stipule en effet qu’aucune intervention militaire ne peut être déclenchée sans l’aval de l’exécutif…

Un habitué des provocations

Le général Antonio Hamilton Martins Mourao aurait-il la mémoire courte ? Car en 1964 – soit cinquante-trois ans avant ses propos –, le Brésil connut un coup d’État militaire qui fit basculer le pays dans plus de 20 années de dictature.

Or comme le rappelle Le Monde, le souvenir des “tortures”, des “assassinats” et des “emprisonnements arbitraires” qui furent légion pendant cette période est encore vif dans le peuple brésilien. Cependant, excédée par les violences urbaines et les affaires de corruption, une partie de la population pourrait malgré tout en arriver à penser que l’armée serait la seule solution pour régler la “crise éthique et politico-institutionnelle” dénoncée par le général Antonio Hamilton Martins Mourao. Selon un sondage Datafolha publié dimanche 1er octobre et relayé en France par le quotidien du soir, 21 % des Brésiliens estiment que dans certaines circonstances, une dictature est meilleure que le régime démocratique…

Ce n’est en tout cas pas la première fois que le général Mourao semble ouvertement regretter l’époque de la dictature. En octobre 2015, il rendait publiquement hommage au colonel Carlos Brilhante Ustra, “responsable de dizaines d’assassinats sous la dictature et tortionnaire notoire”, selon Libération. En septembre de la même année, le général Moura avait été démis de ses responsabilités après avoir appelé à un “réveil de la lutte patriotique” lors de l’ouverture de la procédure d’impeachment de Dilma Roussef.

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