“Au Brésil, on assiste à un règlement de comptes politique, pas à un coup d’État”

“Au Brésil, on assiste à un règlement de comptes politique, pas à un coup d’État”

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Dilma Rousseff, l’ancienne présidente écartée du pouvoir (© Jonas Pereira / Creative Commons / Flickr)

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Par Arthur Cios

Publié le

“Il y a une vraie fenêtre d’opportunité pour que la jeunesse brésilienne propose une alternative politique”

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Comment la situation peut évoluer ? Une nouvelle mobilisation dans la rue, comme en 2014, est-elle imaginable dans un futur proche ?
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Les manifestations ont changé de camp. C’est plutôt le parti des travailleurs qui se mobilise aujourd’hui. Les médias parlent moins des mobilisations mais si le gouvernement ne donne pas de réponses rapides et immédiates sur l’économie, les classes moyennes qui sont le moteur des manifestations pourront à nouveau se mobiliser. Sachant que les prochaines élections sont prévues pour octobre 2018, il y a des chances pour que cela se produise.
Encore une fois, Michel Temer n’a pas été élu ni mandaté par la population. Vu que les réformes ne vont pas du tout dans le sens du vote des Brésiliens, c’est probable.
D’ici là, il y aura les Jeux olympiques. Est-ce que cette crise va plus encore s’envenimer ? Va-t-on voir des grèves conséquentes comme pour la Coupe du monde de 2014 ?
Au contraire, je pense que les JO peuvent être un rare moment de consensus au Brésil. Mais ce sera de courte durée. Les JO auront lieu parce que les équipement sportifs sont presque terminés, ce qui n’était pas forcément le cas de la Coupe du monde. Si les Brésiliens sont plus intéressés par l’économie, il est quasi certain que lorsque les médias se focaliseront sur la compétition, on aura une trêve, on changera un peu de sujet, ça va vider les esprits. Pour ce qui concerne les syndicats, évidemment des grèves sont possibles mais pendant les JO, cela me paraît peu probable.
On voit de plus en plus de mouvements politique poussés par la jeunesse, comme Podemos en Espagne ou Nuit debout en France. Quel poids pourraient avoir les jeunes, loin de cette relation de promiscuité avec l’argent que vous évoquiez plus tôt ?
La jeunesse peut vraiment changer plein de choses. À la différence de l’Europe, le Brésil n’a pas fini sa transition démographique, ce qui fait que la jeunesse est un corps électoral important, qui va grossir encore dans les années à venir. Après, il faut qu’il y ait une organisation, un message qui pourrait porter… Aujourd’hui au Brésil, on est encore loin de ça mais ce n’est clairement pas impossible. Il y a une vraie fenêtre d’opportunité pour que la jeunesse brésilienne propose une alternative politique.