Au Brésil, un canard géant symbolise la colère des patrons

Au Brésil, un canard géant symbolise la colère des patrons

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Par Thibault Prévost

Publié le

Pour protester contre la politique fiscale de la présidente Dilma Rousseff, les entrepreneurs brésiliens ont érigé un canard gonflable de douze mètres de haut.

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Pour une fois, Florentijn Hofman n’a rien à voir là-dedans. Depuis le 20 mars, rapporte Reuters, un canard en plastique gonflable géant, similaire au fragile Rubber Duck de l’artiste néerlandais qui écume les ports de la planète et se dégonfle une fois sur trois, est apparu à São Paulo, sur l’avenue Paulista, important centre d’affaires du pays. Et contrairement à son cousin néerlandais, qui  “n’est porteur d’aucun message politique”, le canard brésilien, lui, est devenu le symbole de la colère des riches brésiliens contre le gouvernement et la présidente Dilma Rousseff.

Rien de nouveau : l’élue socialiste, réélue en 2014 pour un second mandat de quatre ans, a toujours plus bénéficié du vote des “cols bleus” que du soutien des élites brésiliennes. Et ce n’est pas la première fois que les patrons sortent leur arme secrète de plastique puisqu’elle avait déjà été déployée en septembre 2015, à Brasilia et Copacabana, pour protester contre l’augmentation des taxes, les chefs d’entreprise pressant le gouvernement de privilégier une stratégie d’austérité économique.

Le choix d’un canard en guise de totem, explique l’agence de presse, ne doit rien au hasard : en portugais brésilien, “payer le canard” signifie payer pour la faute de quelqu’un d’autre. Pour les associations patronales brésiliennes, ce sont les entrepreneurs qui paient les erreurs de l’administration Rousseff, dont le bilan économique est plus que contesté et qui fait face à une procédure de destitution.

Entre 2010 et 2015, la croissance du Brésil, septième puissance mondiale, est passée de 7 % à une récession de 3 %, couplée en 2014 à la pire sécheresse vue ces 80 dernières années. Résultat de la crise: 1, 5 million d’emplois détruits et un mea culpa de la présidente, qui admettait  en janvier “ne pas avoir mesuré l’ampleur du ralentissement économique en 2014.

Le 14 mars dernier, plus de trois millions de brésiliens battaient le pavé dans une centaine de manifestations, les plus importantes de l’histoire du pays, pour dénoncer à la fois le scandale de corruption qui secoue le Parti des travailleurs de Dilma Rousseff (et se ramifie jusqu’à l’ex-président Lula) mais aussi la terrible récession que connaît le pays. Le canard gonflable était, évidemment, suivi par sa cohorte de canetons militants du patronat.