Sur Instagram, le mouvement body positivism prend de l’ampleur et aide les femmes à s’accepter et à s’aimer comme elles sont. Depuis quelques semaines, il s’attache tout particulièrement à normaliser les “hip dips”, c’est-à-dire les creux des hanches.
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Le thigh gap (l’obsession de l’écart entre les cuisses) et, plus récemment, le ribcage bragging (le fait de montrer ses côtes saillantes) sont autant d’injonctions à la beauté stéréotypée, au corps maigre et lisse que les médias et les réseaux sociaux aident à répandre. Ils sont cependant également la meilleure façon de contrer ces images dangereuses, entre autres grâce au mouvement du body positivism qui milite pour l’acceptation de tous les corps.
Sur les réseaux, et particulièrement Instagram, des femmes construisent de nouvelles représentations des corps féminins, tels qu’ils sont dans leur diversité. Elles montrent leur cellulite, leurs bourrelets, leurs boutons ou encore leurs poils, tout en dénonçant les effets que certaines poses peuvent avoir. C’est autant d’identifications possibles permettant à chacune de se retrouver, et de bien comprendre que son corps est normal et beau.
“Une insécurité énorme pour des tonnes de femmes”
Depuis quelques semaines, le body positivism sur Instagram s’intéresse aux hanches, et plus particulièrement aux “hip dips” (“creux de hanches”). Ces creux se retrouvent chez beaucoup de femmes, en fonction de la forme de leur pelvis, faisant penser aux courbures d’un violon. Sur le site, on trouve des mentions décomplexantes autour des hip dips dès 2015, mais ce n’est qu’il y a quelques semaines que le mouvement a vraiment décollé.
Une blogueuse fitness galloise, Carys Gray, aurait joué un rôle déterminant dans cette célébration. Pour le Huffington Post britannique, c’est elle qui lui a vraiment donné une impulsion fin avril, en racontant à ses 240 000 abonnés comment elle s’était rendu compte que ce creux était un gros complexe pour beaucoup de femmes.
Traduction : “[…] Je croyais que ces petits creux n’étaient que chez moi jusqu’à ce que je lise… qu’ils représentent en fait une insécurité énorme pour des tonnes de femmes ! Je suis ensuite allée googler hip dips, et j’ai lu qu’ils étaient vus comme une mauvaise chose pour les femmes et que certaines personnes vont jusqu’à se faire injecter de la graisse pour les combler. Bon, c’est pas la peine d’imaginer ajouter autre chose à ma liste d’insécurités. […]”
Son post a immédiatement parlé à sa communauté, récoltant plus de 18 000 likes. De nombreux commentaires font état, à la fois, d’un complexe répandu et d’une volonté de le dépasser. Le HuffPost a repris les observations d’une psychologue clinicienne faites sur le sujet en 2013. Elle expliquait que les adolescentes “passaient d’une partie du corps à une autre partie du corps”, d’un complexe à un autre, et avait constaté que de nombreuses jeunes femmes faisaient leur possible pour faire disparaître leurs creux, à coups d’“exercices et de régimes” :
“Ce hip dips peut être une partie naturelle de l’anatomie d’une jeune femme ou l’effet d’une tenue qu’elles portent. Néanmoins, beaucoup n’en veulent pas et réfléchissent aux façons de s’en débarrasser.”
“Les hip dips sont normaux, naturels et magnifiques”
Pour Denise Hatton, la directrice générale de l’association caritative YMCA England & Wales, qui a lancé une campagne promouvant la confiance en soi et la diversité des corps, “70 % des femmes adultes ont ressenti une pression de la télévision et des magazines pour avoir ce corps idéalisé, et l’attention récente portée aux hip dips est un autre exemple de ce corps à la mode, potentiellement dangereux pour la santé sur le long terme”. Elle ne voit pourtant pas “pourquoi cela devient une telle obsession, alors que les hip dips sont normaux, naturels et magnifiques”. Des propos que des centaines d’instagrameuses répètent : le #hipdips apparaît dans plus de 1 700 photos de hanches, accompagnées de messages 100 % empowerment. Si on en croit les utilisatrices, le message passe très bien, et les hip dips se voient de plus en plus acceptés et appréciés.
Traduction : “J’ai passé toute ma vie à détester mes hip dips et à tout faire pour les cacher, des gaines, aux vêtements amples, jusqu’à perdre beaucoup de poids ! […] Ce que j’ai trouvé très encourageant, c’est qu’à travers Instagram, j’ai vu tellement d’autres femmes comme moi qui les ont combattus ! […] J’ai enfin compris que c’était complètement normal ! Je n’aurai jamais une silhouette en sablier parfaite, et c’est très bien ! Tout ce que je peux faire, c’est travailler avec ce que j’ai eu la chance de recevoir et aimer chaque partie de moi.”