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Big up : les humains ont réussi à contaminer les fonds marins les plus reculés de la planète

Big up : les humains ont réussi à contaminer les fonds marins les plus reculés de la planète

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Une étude britannique révèle que même les abysses les plus reculés et vierges de toute présence humaine sont fortement contaminés par des polluants chimiques persistants.

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Une étude, publiée lundi 13 février dans la revue Nature Ecology & Evolution et relayée par Le Monderévèle que les fonds marins les plus reculés (et quasi inexplorés) portent bel et bien l’empreinte de l’homme. Pour parvenir à ce constat, l’équipe dirigée par le professeur Alan Jamieson a sondé les deux fosses océaniques les plus profondes de la planète à l’aide d’un robot sous-marin : les Mariannes, dans la partie nord-ouest du Pacifique, et les Kermadec, dans la partie sud-ouest de cet océan, près de la Nouvelle-Zélande. De ces fosses qui s’enfoncent chacune à plus de 10 000 mètres de profondeur et où la nuit règne continuellement, les scientifiques ont remonté des amphipodes (de petits crustacés d’un centimètre) qu’ils ont analysés.

Les auteurs de l’étude rapportent avoir mesuré “des niveaux extraordinairement élevés” de substances chimiques dans les crustacés, dont certaines bannies depuis la fin des années 1970.

“Nous voyons toujours les profondeurs océaniques comme des lieux reculés et un domaine parfaitement préservé de l’impact de l’activité humaine. Mais notre étude montre que l’on ne pouvait pas être plus loin de la réalité”, résume tristement Alan Jamieson dans une déclaration rapportée par Mashable.

En cause, des substances chimiques persistantes : les polychlorobiphényles (PCB), utilisés dans les années 1930 à 1970 par les fabricants d’appareils électriques pour leurs propriétés isolantes avant d’être bannis en raison de leur toxicité. Mais les PCB ne se décomposent qu’à des températures dépassant 1 000 °C et leur durée de vie peut atteindre 2 700 ans (selon leurs molécules). D’autre part, les chercheurs ont aussi trouvé des polybromodiphényléthers (PBDE), utilisés à haute dose dans les années 1970 et 1980 pour l’extraction pétrolière. Les scientifiques rappellent que la production de PCB a été estimée, tous pays confondus, à 1,3 million de tonnes, dont les deux tiers se trouveraient entre les décharges et nos équipements électriques, alors que le dernier tiers aurait rejoint le milieu océanique.

Comme l’explique Le Monde, les teneurs en PCB retrouvées dans ces petits crustacés remontés des fosses les plus profondes du monde sont édifiantes : “Cinquante fois supérieures à celles trouvées dans des crabes du fleuve Liao, l’un des cours d’eau les plus pollués de Chine.” Les conséquences de cette contamination des écosystèmes des grands fonds marins sont encore floues mais ne laissent rien présager de bon. Avec, en premier lieu, l’empoisonnement de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Bon app’!