Baisse des APL : quand une députée LREM tacle les étudiants

Baisse des APL : quand une députée LREM tacle les étudiants

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Par Virginie Cresci

Publié le

“Si à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à pleurer parce qu’on vous enlève 5 euros, qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ?”

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Claire O’Petit, députée de La République en marche (LREM) dans l’Eure a un message pour les étudiants, et il n’est pas très sympa. Alors que le gouvernement vient d’annoncer la baisse des aides aux logements (APL, ALF ou ALS) de 5 euros par mois à partir du mois d’octobre, cette députée macroniste a défendu haut et fort cette mesure très impopulaire. Connue pour ses frasques dans l’émission Les Grandes Gueules sur RMC, Claire O’Petit n’a pas laissé sa langue dans sa poche en devenant députée.

Interrogée par le Huffington Post sur la réduction de l’aide au logement, qui aura un impact certain sur les jeunes et les classes populaires, Claire O’Petit a d’abord reconnu que “5 euros c’est beaucoup” avant de s’en prendre aux étudiants, qui sont 800 00 à toucher les APL, et de balancer au passage quelques fake news. Elle a commencé par justifier cette décision du gouvernement en caricaturant : “C’est ou ça ou on augmente les impôts.”

“C’est quand même aussi avec nos impôts, faut pas l’oublier”

Elle a ensuite affirmé qu’“un étudiant qui touche l’APL, touche aussi une bourse”, ce qui est totalement faux. La bourse, délivrée par le Crous est calculée en fonction des revenus perçus par les parents de l’étudiant, or l’aide au logement, versée par la CAF, peut-être versée à un étudiant qui n’est pas boursier. La députée a ensuite expliqué que les étudiants bénéficiaient de tarifs réduits, pour les transports par exemple, grâce à leur “carte d’étudiant”, ce qui est vrai.

Même si elle a reconnu que “ça ne suffit pas”, car “beaucoup sont obligés de travailler” (7 étudiants sur 10 en 2014), Claire O’Petit a ajouté que “c’est 5 euros pour tout le monde”, et là aussi, c’est faux. Cette baisse de 5 euros par mois du pouvoir d’achat ne touche pas “tout le monde”, mais les foyers les plus modestes, comme les étudiants, les personnes sans emploi, les mères élevant seules leurs enfants ou encore les retraités. D’un autre côté, le gouvernement a annoncé la baisse de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dès 2018, qui concerne les foyers les plus riches. Eux verront leur pouvoir d’achat (déjà élevé) augmenter, et non baisser de 5 euros.

Force est de constater que Claire O’Petit ne connaît pas bien le dossier dont elle parle. Mais ça ne l’a pas empêchée de fustiger les étudiants. Après avoir lancé une première attaque – “Faites bien le calcul, quand vous êtes étudiant, c’est quand même aussi avec nos impôts, faut pas l’oublier” –, quand le journaliste lui dit que 5 euros, ce n’est pas rien, la députée ajoute d’un ton inquisiteur :

“Mais bon sang, allez voir ailleurs… Ça va, messieurs dames. Si à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à pleurer pour 5 euros, qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ?”

Député peut-être ? Comme l’indique le site de l’Assemblée nationale, un parlementaire qui siège au palais Bourbon, touche en moyenne un salaire brut mensuel de 7 209,74 euros. Et concernant les avantages en nature, ce qu’on appelle communément “les aides” pour les étudiants, les députés disposent de : l’accès gratuit au réseau SNCF en première classe, le remboursement des frais de taxi dans Paris, le réseau RATP gratuit et 80 trajets en avion gratuits entre Paris et leur circonscription. Comme le dit si bien Claire O’Petit : “C’est quand même aussi avec nos impôts, faut pas l’oublier.”