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En Australie, les athées s’inquiètent de la montée de la religion Jedi

En Australie, les athées s’inquiètent de la montée de la religion Jedi

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Par Thibault Prévost

Publié le

À l’approche du grand recensement australien du 9 août, qui prendra en compte les appartenances religieuses, une association athée s’inquiète de la montée de la “religion” Jedi, qui fausse les chiffres officiels.

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Les chiffres ne mentent pas : l’Australie est un pays où règne le culte de la Force. À l’autre bout du monde, la religion Jedi s’implante et progresse, petit à petit, voyant les rangs de ses fidèles grossir au fil du temps. Tous les cinq ans, grâce au recensement national australien et sa question 19 — qui propose aux citoyens, s’ils le souhaitent, de préciser leur appartenance religieuse —, le “phénomène Jedi” gagne un peu plus en visibilité.

À tel point que cette année, à l’approche du recensement du 9 août, le site io9 raconte qu’une association athée tente de décourager ses concitoyens d’inscrire des trucs comme “Chevalier Jedi”, “Padawan” ou “Maître Sith” dans la case prévue à cet effet.

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Car en Australie, comme dans d’autres pays anglophones, l’idée de se définir comme Jedi remonte à 2001, et reste dans la mémoire collective comme l’un des premiers phénomènes viraux liés à Internet.

Un running gag bon enfant, certes, mais un running gag à la popularité croissante. En 2001, l’Australian Bureau of Statistics (ABS) a refusé de dévoiler le nombre d’adhérents à la foi Jedi… mais a cédé à la pression médiatique cinq ans plus tard. Résultat : près de 70 000 fidèles en 2001 (l’effet de surprise), 58 000 Jedi en 2006, et 65 000 en 2011. Ce qui placerait la croyance au 18e rang des religions australiennes, juste derrière les Sikhs, si le gouvernement lui offrait sa propre catégorie.

Fausse représentation du pays

Selon le groupe athée derrière la campagne “Mark No Religion”, cette blague, si drôle soit-elle, peut avoir des effets tangibles et négatifs sur toute la société australienne : lors du recensement, les Jedi ne possèdent pas de catégorie propre (contrairement, de manière étrange, aux satanistes et aux adeptes de la philosophie New Age) et rentrent donc dans la case “indéfinie”, qui inclut également les Pastafariens, les adorateurs du saint Chocolat et les fans dévoués d’équipes de football américain. Le souci, c’est que les Jedi forment désormais à eux seuls plus de la moitié de cette catégorie.

Toujours selon la Fondation Athée d’Australie (Atheist Foundation of Australia), la blague des disciples de Yoda “contribue à rendre l’Australie plus religieuse qu’elle ne l’est vraiment” et pousse l’administration à allouer plus d’argent qu’elle ne le devrait à la gestion des cultes, dans un pays où la proportion d’athées est passée de 13 à 19 % entre 1991 et 2006.

Enfin, “les données récoltées sur l’affiliation religieuse sont utilisées pour élaborer les politiques publiques, la planification urbaine, les établissement communautaires et plus encore”, explique l’association au site d’actu Brisbane Times.

Il est difficile de croire que le choix spirituel de 0,3 % de la population puisse infléchir sensiblement les politiques sociales d’un gouvernement, mais si l’idée est exagérée, elle n’est pas pour autant inconcevable. Après tout, faire bouger les choses n’est-elle pas l’une des manifestations les plus tangibles de la maîtrise de la Force?