Sur Twitter, une élue dénonce le harcèlement “ordinaire” en politique

Sur Twitter, une élue dénonce le harcèlement “ordinaire” en politique

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Par Théo Chapuis

Publié le

“Quand je te vois, j’ai envie de faire une Baupin” et autres commentaires assimilables à du harcèlement sexuel, c’est ce qu’a dû essuyer Aurore Bergé le jour même de la révélation du scandale Baupin.
Peu importe que le jour même, un scandale d’ampleur éclabousse un homme politique, accusé par huit femmes d’agression et de harcèlement sexuel : lundi 9 mai au soir, au conseil d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, une élue LR a été la cible de commentaires d’un sexisme accompli, prononcés d’après elle par ses homologues masculins.
Sur Twitter, elle partage un long message en capture d’écran, récit des mots entendus cette soirée qui, d’après elle, ne relèvent que d’une “scène de la vie politique ordinaire” :

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“Je suis accueillie par un ‘quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin.’ J’ai passé la journée à lire les témoignages de celles qui ont osé parler. À les relayer. Et à espérer que cela participe à changer les comportements.
Et je me trouve navrante dans mon incapacité à réagir. Un autre élu enchaîne avec un ‘quand on voit Aurore, on a le bâton de Berger’. C’est gras, c’est vulgaire, c’est grossier. C’est pathétique. Il a l’âge d’être mon père (ils en ont un peu tous l’âge)…”

“Comme si c’était toi la coupable”

Se disant “sidérée, bloquée” par ce comportement, elle trouve “navrante” son “incapacité à réagir”. Puis son récit s’axe autour de la culpabilité : pas celle ressentie par l’homme qui profère de telles paroles, non, mais par la femme qui reçoit ces commentaires graveleux : “Tu te dis que tu n’aurais pas dû porter ce chemisier. Instinctivement, tu te caches, tu te couvres comme si c’était toi la coupable”, se livre-t-elle.
Loin de se résigner, l’élue des Yvelines termine son message en applaudissant le courage de celles qui ont témoigné, le jour-même, du comportement d’agresseur sexuel de Denis Baupin :

“Elles ont parlé. Et il ne faut pas (plus) qu’elles soient les seules. Car elles ne sont pas les seules. Et qu’il faut que cela cesse. S’il y a des différences de degrés dans le harcèlement, je ne crois pas qu’il y ait de différence de nature. […] Je mesure le courage qu’il a fallu à ces femmes pour prendre la parole. Ils ne changeront peut-être pas, mais nous oui. On parlera. Merci à elles.”

D’après Christian Jacob, Les Républicains sont irréprochables

De quoi faire mentir Christian Jacob, chef de file des députés LR à l’Assemblée nationale, d’après qui ça ne se passe pas comme ça chez les Les Républicains. Ce matin-même au micro d’Europe 1, il a lavé son parti de tout soupçon de faits similaires : “Jusqu’à preuve du contraire, oui, je suis sûr que ce genre de problème ne s’est pas passé”, prétend-il, avant d’assurer que le harcèlement sexuel et la loi du silence qui l’impose n’existent que chez EELV : “L’omerta n’est pas dans la classe politique, elle est chez les Verts”.
Et donc, uniquement chez eux d’après lui (coucou Georges Tron). On ne saurait que trop lui conseiller de demander aux 500 élus et militants de tous bords qui ont signé la tribune “Pour que l’impunité cesse” parue dans Libération ce matin.
La solution ? “Il faut qu’ils voient qu’il y a un risque au fait de se comporter comme ça”, estime Aurore Bergé auprès du Lab d’Europe 1. On apprend également ce 10 mai au matin que le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne, contre Denis Baupin. L’ex-vice-président de l’Assemblée nationale envisage toujours de porter plainte, qualifiant les accusations à son encontre de “mensongères” et “diffamatoires”.