AccueilArchive

Au fait, le jour le plus déprimant de l’année c’est n’importe quoi

Au fait, le jour le plus déprimant de l’année c’est n’importe quoi

avatar

Par Lydia Morrish

Publié le

Alors, arrêtez de vous plaindre et soyez heureux. 

À voir aussi sur Konbini

Dans les pays anglo-saxons, le troisième lundi de janvier est surnommé “blue monday” car il est censé être le jour le plus déprimant de l’année. Après avoir pris des bonnes résolutions le 31 décembre, tout le monde se retrouve à nouveau au travail, un peu plus gros, un peu plus pauvre. C’est ce qui expliquerait la chape de dépression qui s’abat sur ce jour maudit. Osons le dire, c’est n’importe quoi.

D’une part, on n’a pas besoin de se trouver des raisons pour trouver la vie difficile dans ce monde. D’autre part, comme l’explique Gizmodo, c’est dans le communiqué de presse d’une agence de voyage datant de 2005 que l’on trouve pour la première fois trace de cette expression.

Le psychologue britannique Cliff Arnall aurait “calculé” que le troisième lundi de janvier serait le jour le plus déprimant de l’année en se basant sur des facteurs tels que la météo, la condition financière, l’éloignement de Noël, le peu de motivation, etc. On raconte que Cliff Arnall aurait “démontré” que la conjonction du mauvais temps qui règne au mois de janvier, de la fin des résolutions du Nouvel An et de la dèche liée aux festivités produirait ce “blue monday”.

Pourtant, de nombreux scientifiques torpillent cette pseudo-science. Dean Burnett, docteur en neurosciences et journaliste au Guardian, auteur de comédies mais aussi du très sérieux  livre sur le cerveau The Idiot Brain: A Neuroscientist Explains What Your Head Is Really Up To* explique que les variables prises en compte dans cette équation sont “impossibles à quantifier” et “tout à fait incompatibles”. En 2012, il écrivait d’ailleurs:

“Cette équation ne veut rien dire. Elle combine des facteurs et des variables qui ne peuvent pas être quantifiés de manière mathématique, à moins de les déformer jusqu’à ce qu’ils ne veulent plus rien dire. Comment combiner l’endettement des ménages, la motivation et la météo dans une formule qui vous donne une date spécifique? C’est comme additionner la couleur rouge, 50 kilomètres/heure et 50 gigaoctets et attendre que ça vous donne une recette de pot-au-feu.”

La répétition annuelle de cette science dévoyée ne fait pas que du mal à ceux qui se sentent bien tous les autres jours de l’année. C’est également un manque de respect pour ceux qui sont victimes de dépression chronique. D’après Dean Burnett, cette expression suggère en effet que la dépression est un état passager, que l’on expérimente tous ensemble. Alors que c’est aussi et surtout “une souffrance qui peut se montrer très handicapante au quotidien”.

(via Crispe)
(via Crispe)

En dépit du dégommage plein de bon sens de cette notion par les scientifiques, les médias font toujours entendre le même son de cloche le troisième lundi de janvier. Ça a tellement énervé Dean Burnett qu’il a réécrit les paroles du magnifique morceau de New Order “Blue Monday” pour dénoncer l’utilisation marketing de ce concept.

C’est bon, vous avez compris ? On récapitule quand même : le “Blue Monday” c’est du bullshit. La preuve ? Franchement, je me sens beaucoup mieux que lundi dernier.

* Cet idiot de cerveau : un neuroscientifique vous explique ce qu’il se passe vraiment dans votre tête” (inédit en France).

À lire -> Kid Cudi, Kanye West, Adele… la dépression, inhérente à la carrière musicale ?

Traduit de l’anglais par Dario