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Attentats à Bruxelles : la petite histoire de la frite qui dit “fuck”

Attentats à Bruxelles : la petite histoire de la frite qui dit “fuck”

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Par Théo Chapuis

Publié le

Une frite brandie bien droit vers le ciel et c’est tout Twitter qui s’empare du symbole après les attentats de Bruxelles. Or, qui savait avant de la partager qu’il s’agissait d’une pub Burger King ?

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Mardi, les Belges, les Français et le monde entier disaient leur soutien en images sur les réseaux sociaux aux Bruxellois, après les attentats qui ont fauché au moins 31 vies à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro de Maelbeek. Tintin, le Manneken-Pis mais aussi la fameuse frite belge ont alors été célébrés dans ces détournements dont le Web a le secret.

Le symbole le plus populaire de solidarité sur Twitter ? Un appétissant cornet de frites… en forme de doigt d’honneur bien dressé. Les destinataires, on le devine : les terroristes de l’État islamique, mais aussi la connerie humaine, la mort ou la barbarie en général.

D’après 20 Minutes, le premier internaute à avoir partagé cette image auprès de ses followers est Christophe Conte, journaliste aux Inrocks. Un jour plus tard, il a été retweeté 1 800 fois et mis en favori près d’un millier de fois. Quasiment un succès à la “Je suis Charlie”, version outre-Quiévrain.

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Mardi 22 mars, il a fallu plusieurs heures aux Twittos pour se rendre compte que l’image qu’ils partageaient bien innocemment en signe de défiance gourmande au terrorisme était en fait une publicité Burger King – et même pas une récente. Et pour cause, les premiers à l’avoir partagée ont apparemment ôté le bandeau du bas, sur lequel figure la mention de la marque de fast-food, à dessein : identifiée dès le début comme une publicité pour une enseigne américaine de hamburgers, l’image n’aurait sans doute pas eu autant de succès. Mais au fait, quelle est l’histoire de cette image ?

Ce visuel a été créé en 2008 par le bureau d’Auckland de Young & Rubicam, à destination des consommateurs de la Nouvelle-Zélande. Et plus précisément des automobilistes qui s’apprêtent à franchir le péage de l’autoroute SH1 du nord du pays, agacés de devoir s’acquitter des deux dollars de taxe correspondants. Avec sa pub vaguement punk, la marque joue sur le ras-le-bol des citoyens et promet une remise de deux dollars au restaurant Burger King de Dairy Flat, dernier fast-food avant le péage – tout en proposant aux chauffeurs ce geste qui soulage, à adresser lors de leur passage. Très chic.

Le pouvoir d’une image virale

Interrogé par Mashable FR, Josh Moore, directeur de l’agence Young & Rubicam d’Auckland, explique ressentir de la fierté face à ce relai plus qu’inattendu. Vaughn Davis, directeur créatif au moment de la création du visuel, commente : “Cela fait chaud au cœur que quelque chose d’aussi trivial ait pris une signification aussi profonde des années après. Bien qu’attristé par les attentats, David Bell, qui a lui aussi participé à la création de cette pub, insiste sur l’importance du caractère viral d’une image dans notre monde connecté :

“Montrer sa solidarité aux victimes et à leurs familles est un acte important, qui plus est lorsque l’on est nombreux à le faire : c’est la preuve qu’une communauté globale existe et que celle-ci est unie contre les actes de terreur.”

Burger King soigne sa pub

Burger King est célèbre pour sa stratégie publicitaire à l’humour très “poil à gratter”, que certains pourront même qualifier de potache. Le site Advertising Times brosse un bref historique de l’histoire des réclames de la marque, souvent qualifiées d’audacieuses, parodiant jusqu’au célébrissime cow-boy Marlboro. Comme BFM TV le précise, la pub de Young & Rubicam Auckland a été sélectionnée en 2009 par un concours de campagnes créatives.

Sollicité par Konbini, Burger King France n’a pas souhaité prendre la parole sur ce sujet.