Apparemment, utiliser le GPS désactive (temporairement) des fonctions cérébrales

Apparemment, utiliser le GPS désactive (temporairement) des fonctions cérébrales

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Par Thibault Prévost

Publié le

Selon une étude publiée dans Nature Communications, notre cerveau cesse de tenter de nous orienter dans l’espace lorsque nous utilisons un GPS.

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Il est de bon ton, en regardant d’un œil narquois ses contemporains le nez rivé sur leur écran 8 pouces , de fustiger la soumission grégaire à la technologie de guidage par satellite que notre époque entraîne, et de moquer leur incapacité nouvelle à s’orienter à l’aide de moyens naturels, un art ancestral pourtant peaufiné par nos illustres ancêtres depuis l’âge tendre d’Homo sapiens. C’est un fait, la triangulation a remplacé le sextant, Google Maps a ringardisé l’étoile polaire, et le sens de l’orientation sera peut-être bientôt un art perdu car obsolète, au même titre que l’enluminure, l’écriture sur tablette de granit ou la conduite automobile.

Et si vous vous inquiétez de l’influence du GPS sur notre capacité de raisonnement, eh ben vous avez tout à fait raison : selon une étude publiée le 21 mars dans Nature Communications et relayée par le Daily Dot, se déplacer en s’appuyant uniquement sur le GPS désactive purement et simplement une partie de nos capacités cognitives, particulièrement les zones du cerveau en lien avec la mémoire, l’organisation et la prise de décision. En d’autres termes, lorsque nous nous laissons guider par un mécanisme artificiel, notre cerveau cesse de tenter de nous localiser et de nous orienter.

Le plan de Manhattan, moins exigeant que celui de Paris

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale de 24 sujets en les soumettant à une navigation virtuelle, par eux-mêmes, dans les rues du quartier londonien de Soho. À chaque intersection, l’IRM montrait des pics d’activité qui étaient plus élevés lorsque le carrefour présentait plusieurs options de direction. Les cerveaux des sujets suivant benoîtement les indications du GPS ne présentaient eux aucune activité. “Si vous avez du mal à naviguer dans la masse des rues d’une ville, il est probable que vous demandiez beaucoup d’effort à votre hippocampe et votre cortex préfrontal, explique le Dr Hugo Spiers,  l’un des auteurs de l’étude. Quand la technologie nous dit où aller, cependant, ces parties de notre cerveau ne répondent simplement plus au réseau des rues. Dans un sens, notre cerveau perd son intérêt pour les rues alentours.” 

Si l’étude identifie donc un lien concret entre GPS et activité cérébrale, elle ne fait néanmoins que confirmer d’autres conclusions sur l’orientation, notamment celle de chauffeurs de taxi dont l’hippocampe s’agrandit à mesure qu’ils apprennent à se repérer dans le dédale d’une ville. De même, de précédents travaux sur l’hippocampe et les mécanismes d’orientation montraient que l’urbanisme en “grille” de villes modernes comme Manhattan, Mexico ou Montréal, demande moins d’efforts au cerveau que les cadastres labyrinthiques des villes millénaires comme Le Caire, Paris ou Mumbai. La prochaine fois que vous vous baladez en bagnole dans le dédale parisien, essayez de vous repérer avec les panneaux de signalisation, à l’ancienne – vous faites travailler votre cerveau et vous risquez d’en avoir besoin le jour où une tempête solaire annihilera tous nos systèmes de communication satellite.