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En Algérie, des jeunes filles non voilées se voient refuser l’entrée au lycée

En Algérie, des jeunes filles non voilées se voient refuser l’entrée au lycée

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École primaire en Algérie (image d’illustration © Wikimedia Commons)

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Par Bérénice Rebufa

Publié le

Dimanche 4 septembre, un incident s’est produit durant la rentrée des classes au lycée de Sebbala, dans la banlieue ouest d’Alger. Un agent de sécurité a bloqué l’entrée aux jeunes filles qui ne portaient pas le voile.

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Au lycée Sebbala de Draria, dans la banlieue ouest d’Alger, l’entrée a été bloquée aux jeunes filles inscrites dans l’établissement ne portant pas de voile islamique. Ces faits choquants ont eu lieu dimanche 4 septembre à l’occasion de la rentrée des classes et ont été rapportés hier par les sites d’info Alger-focus et Dernières infos d’Algérie avant d’être relayés par Courrier international.

Un agent de sécurité posté devant le portail du lycée de la Cité des 1 600 logements, à Sebbala, empêchait les jeunes filles qui n’étaient pas voilées d’entrer dans l’établissement. Certaines d’entre elles, prises de panique à l’idée de ne pas faire leur rentrée des classes, sont allées rapidement chercher un foulard pour se couvrir. Des parents qui accompagnaient leurs enfants au lycée se sont quasiment fait insulter par cet homme qui leur a conseillé de “bien éduquer leurs filles“. Mécontents du comportement moralisateur de l’agent, ils ont demandé à voir le directeur qui était, selon le vigile, “absent”.

Un lycée en sous-effectif

Une source proche de la direction de l’’éducation Alger-ouest a confirmé les faits au quotidien El Watan, précisant que cette acte ne correspondait nullement à une consigne donnée par la direction de l’établissement. Cette même source rapporte que ce “débordement” serait au contraire une conséquence du manque de personnel d’encadrement du lycée, qui est en sous-effectif.

Une situation qui aurait forcé l’établissement scolaire à demander de l’aide à des parents d’élèves. “Ces sont les parents d’élèves auxquels la direction a fait appel qui ont interdit l’accès aux filles non voilées à cet établissement”, a déclaré cette même source. Il ne s’agit donc pas d’une décision du système éducatif mais de l’initiative personnelle d’un agent de sécurité qui s’est lui-même octroyé des pouvoirs que ne lui confère pas sa fonction. Le site d’info Tout sur l’Algérie donne, lui, la parole à “un responsable du lycée” qui n’était pas présent le jour des faits mais “affirme que son établissement n’a reçu aucune plainte émanant d’un parent d’élève”.

“Ce genre de comportement est très grave, mais il reste un acte isolé qui ne peut être dicté par une quelconque hiérarchie”, estime Idir Achour, président du Conseil des lycées d’Algérie. Cité par Franceinfo, le coordonnateur national du Syndicat national des professeurs  du secondaire et du technique (Snapest) Meziane Meriane rappelle, lui, que des cas similaires d’excès de zèle ont fréquemment été constatés dans le pays et réclame “des sanctions contre l’auteur de cet acte pour ne plus jamais retomber dans ce que nous avons enduré il y a quelques années”. Dans les années 1990, l’Algérie, était en proie à la guerre civile et aux actes de terrorisme de groupes islamistes comme le GIA, qui ont notamment visé des enseignants. Le souvenir de cette “décennie rouge” reste vivace dans le pays, et l’incident de ce dimanche au lycée de Sebbala a vivement fait réagir sur la Toile.

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