Alex Lutz : “Même un camp de réfugiés, il faut que ça soit digne”

Alex Lutz : “Même un camp de réfugiés, il faut que ça soit digne”

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Par Théo Chapuis

Publié le

C’est un appel aux artistes à tous les gens du domaine artistique pour aider des associations. Si je l’ai rendu public, c’est parce qu’on est très nombreux : j’ai mis en avant des noms célèbres pour faire tomber les digues et que des journalistes s’y intéressent.

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Or le comédien insiste : il n’y a pas à être un “people” pour participer : cette promesse de don s’adresse à l’ensemble de son corps de métier, dans sa globalité, ce qu’il nomme la “société civile” du spectacle :

Ils ne sont pas tous nommés mais il y a des compagnies de Lyon, de Grenoble, des fonds de soutien, des producteurs, des tas de gens du milieu du spectacle. Il y a aussi Vincent Blanchard, c’est pas les Daft Punk mais il est dedans, mets-le ! Il y a aussi un copain de Strasbourg… Ça vient de partout ! Si une nana me dit qu’elle fait des décors de théâtre à Brest, elle a sa place à nos côtés. […]
Bon sang, mon métier il est quand même dingue ! J’ai toujours eu la sensation que c’était un village : du mec de la cantine à la nana de la prod’, c’est presque une société civile. Alors je me suis dit que si j’arrivais à mobiliser un max de monde de mon corps de métier, ce serait pas mal, non ?

Echo à la Seconde Guerre mondiale

L’élément déclencheur, la prise de conscience, ça a été pour lui cette photo d’Aylan Kurdi, qui a bouleversé l’opinion en fin de semaine dernière. Pour Lutz, c’est bien plus qu’un fait divers, c’est le résultat du piètre équilibre qui règne dans ces pays : “ces gens gens fuient la guerre, le terrorisme, des régimes politiques. Ils fuient car ils sont en danger”.
Dimanche soir, Lutz partageait le plateau du 20h de TF1 avec sa co-signataire Line Renaud. Cette dernière n’hésitait pas à dresser le parallèle entre la situation des migrants de notre actualité contemporaine avec ceux qui fuyaient fascisme et nazisme :

Cette tragédie a fait écho à ce que j’ai vécu durant la Seconde Guerre mondiale. J’étais enfant et nous avons vécu l’horreur de l’exode. J’étais avec ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère, nous étions sur la route, on avait tout quitté. Tout. On est partis sans rien, seulement avec la peur et puis un petit bagage.

Plateaux télé, interviews, pétition… s’il veut bien tirer la sonnette d’alarme, Alex Lutz refuse toutefois une quelconque mission d’artiste éclairé et se dégage de tout rôle de porte-parole. “Je ne suis pas là, le poing tendu…”, se défend-il, même s’il reconnaît sa force de frappe médiatique par rapport à Monsieur-tout-le-monde :

Les associations ont besoin d’argent et à titre personnel, je n’ai pas entendu tous leurs appels. Alors si mon action peut mieux relayer l’information… Si nos métiers de l’image ont la capacité d’atteindre plus facilement le public, je veux m’en saisir !
Je n’ai pas envie de changer l’opinion, ce n’est pas mon rôle : je ne suis pas médecin, je ne suis pas chirurgien, je n’ai pas de parc immobilier… c’est justement parce que je n’ai pas de rôle direct que j’ai cherché une action.

Les Restaus ont les voix des Enfoirés, certaines causes caritatives ont des personnalités ou des films iconiques… Mais c’est “dans l’urgence” que le comédien a décidé de ce mode d’action, parce qu’un “film, une chanson prendraient trop de temps” face à l’urgence sanitaire.

Les gens pensent bien ce qu’ils veulent : les associations ont besoin de pognon, cet exode représente de l’argent et pour éviter de taper dans la poche des gens, il faut que des initiatives, des idées se créent. Même un camp de réfugiés, il faut que ça soit digne.

Que ça soit bien clair : si Alex Lutz se lance à la tête d’une telle initiative, “le but c’est que ça s’échappe”. Entendez par là que le comédien est à des lieues de chercher à culpabiliser le citoyen lambda, seulement : “il faut que l’info passe bien, que les gens soient au courant, mais je ne demande rien aux autres”. Il précise d’ailleurs traverser “une période d’embellie dans [son] métier et ça n’a pas toujours été le cas”.”Autant que je partage…”, conclut-il. 

Et la suite ?

Alex Lutz soutient mordicus : il ne lance ni mouvement, ni parti, ni rien qui se rapproche d’un quelconque groupe idéologique. Le but de sa démarche : qu’elle “s’échappe” et qu’elle reste “non partisane”, uniquement motivée par des valeurs de solidarité exprimées par les acteurs du monde du spectacle qui en auraient les moyens. Et ça a du succès : elle n’en finit pas de grossir, sa liste :

Je n’ai pas encore d’artistes étrangers, mais j’ai entendu dire que ça en intéressait certains. Sinon après la publication de dimanche Régine m’a appelé, puis Mimie Mathy, Bruno Solo, Sophie Mounicot, Cookie Dingler… Mais je le répète, ce n’est pas un truc d’un petit club de gens connus. […] L’initiative doit passer par les artistes.

L’appel lancé par Alex Lutz dans le JDD est à lire dans son intégralité par ici.